Le vert électrique des sacs poubelles, des poubelles à roulettes et des camionnettes balayeuses à jets d’eaux incarne un concept urbain de propreté selon une symbolique du recyclage et du bon geste envers la nature. Cette grammaire au travers de laquelle nous circulons, et que l’on n’interroge même plus, est le sujet de la nouvelle série de peintures de Tatjana Doll, comme un écho inversé à sa première et précédente exposition qui présentait des peintures de Ferraris rouges.
Mais pas de monochrome chez cette peintre allemande: des zones grises et jaunes, des bandes rouges et blanches s’immiscent dans le vert. Les camionnettes sont donc cadrées très frontalement: de face (en quatre variations), puis en profil droit et profil gauche, comme pour un enregistrement judiciaire ou anthropométrique.
Chaque éléments qui le compose (vitre, carrosserie et balayettes circulaires jaunes) sont sujets à des traitements picturaux différents : effets d’aquarelles proches de Rothko pour la vitre, couleur pure en haute pâte pour les carrosseries et bâtons secs et vifs pour les balayettes. Ailleurs des contours coupants ont été réalisés à l’adhésif.
Le sujet peint occupe toute la surface de la toile, jouant ainsi à confondre la représentation avec sa source. Effet renforcé par les dimensions de chaque toile qui reprennent les mesures exactes de l’objet peint. En éliminant le volume réel de ce qui est désigné, leur image parait plus grande qu’en réalité, tant nous sommes habitués à voir des réductions (d’objets, de visages ou de paysages) en peinture.
A la suite de Peter Klasen, célèbre pour ses toiles de bâches de camions et ses motifs agrandis d’empreintes de pneus ou du mouvement néo-géo, Tatjana Doll réfléchit la pratique de l’application industrielle de la couleur sur des objets qui suivent un code de communication.
Leurs couleurs communiquent avec nous, nous parlent au travers de la polychromie et de l’abondance plastique des centres villes. Néanmoins Tatjana Doll travaille l’application de la couleur en gestes vifs et nerveux. Cette signalétique faite à la main est autant un effet de signature et de singularisation que le signe d’un rattachement de sa peinture à la BD et au graffiti.
Tatjana Doll
— vigilance propreté, 2007. Huile sur toile, 100 x 100 cm.
— Balayeuse, 2007. Huile sur toile, 180 x 275 cm.
— Balayeuse, 2007. Huile sur toile, 190 x 160 cm.
— Balayeuse, 2007. Huile sur toile, 180 x 275 cm.
— Poubelle, 2007. Huile sur toile, 110 x 90 cm.