Communiqué de presse
Archi media, Bojan, Miguel Chevalier, Jean-François Courtilat, Isabelle Grosse, Kolkoz, Isabelle Levenez, Pascal Lievre, Zofia Lipecka, Gregory Mavian, Philippe Meste, Valérie Mrèjen, Sven Påhlsson, Florence Paradeis
Vidéos — séquence 1
Afin que cette manifestation soit le plus homogène possible et parce que la multiplicité des courts métrages est infinie, nous avons souhaité un fil conducteur. Toutes ces propositions reposent, en effet, sur le regard critique que portent les artistes sur notre environnement (urbanisme, société, guerre.) Leurs réflexions et leurs sensibilités exacerbées génèrent des électrochocs qui stimulent nos consciences.
L’élément commun le plus immédiat concerne une déclinaison de la violence passive ou active. D’autant plus violente que, face aux constats et dénonciations des artistes, nous nous sentons parfois absolument impuissants. Philippe Meste propose des images d’explosions d’armes nucléaires, Jean-François Courtilat de manière subtile et détournée aborde les accidents de la route. La gravité des sujets est accélérée par le bruit des explosions pour l’un et l’assourdissant passage des voitures pour l’autre.
Et justement, les bruits, les sons divers, la musique, les mots sont autant de moyens utilisés pour nous stimuler et provoquer, en nous, une réaction: pour intensifier un effet technique, chez Sven Påhlsson, sa création musicale accentue les plongées et contre-plongées de son travelling; pour enraciner une violence humaine et intellectuelle. Par exemple, Valérie Mréjen, par un jeu de mise en scènes courtes, insiste sur les mots, les formules de politesse stéréotypées dévastatrices. Zofia Lipecka renforce, avec la sonate au claire de Lune, l’univers totalement déshumanisé de son micro – espace; La violence humaine peut être révélateur d’une violence physique, comme le signale Isabelle Levennez dans son installation: elle vient de votre ami, de votre voisin de palier, de quelqu’un de confiance. L’artiste détourne puis métamorphose la chansonnette « qui a peur du grand méchant loup.. » en drame humain.
A contrario, Pascal Lièvre parodie, puis instrumentalise avec humour, une musique sous forme de Karaoké. S’inspirant de la déclaration de guerre de George W. Bush «l’Axe du mal» – discours n’étant pas destiné aux rires – en le détournant, il parvint à lui conférer une dimension humoristique. L’humour également chez Florence Paradeis, qui, elle aussi, en traitant de la dualité ou la tension nerveuse entre les deux personnages, finit par nous faire hurler de rire.
Un second élément commun se dégage dans la critique de l’environnement, aussi bien politique, sociale, culturel ou urbanistique. Pour beaucoup des artistes présentés, ces distinctions sont même étroitement liées.
Deux d’entre eux, ciblent plus précisément les Etats – Unis au travers de leur influence culturelle mais également architecturale. L’Amérique ou le rêve américain, avec ses autoroutes, ses pavillons, ses centres commerciaux. Sven Påhlsson dans Sprawlville mais aussi Fabula rasa d’archi media, architectes français, dénoncent les limites de cet urbanisme qui configure un être humain dans un territoire limitrophe et délimité. Ce n’est pas un hasard si Sven Påhlsson sous-titre sa vidéo ainsi: «la banlieue américaine version déshumanisée». Cet appauvrissement environnemental, produisant une standardisation de vie sans richesse, génère, pour eux, mais également pour Zofia Lipecka, Kolkoz, Bojan, Isabelle Grosse et Miguel Chevalier, une privation de liberté et un enfermement. Il s’agit bien, encore une fois, de violence intellectuelle.
Cette configuration, physiquement perceptible, liée à l’architecture, est également un sujet sensible exploité par plusieurs d’entre eux. Isabelle Grosse propose un parallèle entre la «muralité» d’un espace carcéral et d’un golf mitoyen, accentués par des souffles ou des bouffées d’oxygènes. Miguel Chevalier et Bojan dénoncent l’enferment des grandes métropoles par des murailles transformées aujourd’hui en périphériques et Gregory Mavian narre une autre forme d’emprisonnement: les écluses. Les plus gros stockages de poubelles de la Seine ou s’entremêlent dans un vertigineux tourbillons tout ce que notre société de consommation n’arrive pas à digérer….
La boucle de cette manifestation se referme avec Kolkoz. Leur jeu interactif vient comme un condensé de toutes ses propositions. Il réunit de manière explosive l’humour, l’architecture et toutes les formes de violence. C’est également un renvoi «défoulatoire» souvent nécessaire à notre quotidien.