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Simon Faithfull est un artiste explorateur. Il parcourt le monde, capture son vécu et ses sensations grâce à la caméra ou des petits dessins qu’il réalise sur son Palm Pilot.

Dans la vidéo 44, il enregistre la calme monotonie d’un voyage en bateau lors de son expédition en Antarctique avec une équipe de scientifiques. Ces séquences, prises sur 44 jours et mises bout à bout, jouent sur les effets de permanence, le cadrage sur le hublot est fixe et la mer est omniprésente. Mais c’est l’infinie variété des paysages qui fascine dans ce lent défilement des images. Il capture les multiples visages de la mer, qui varient en fonction des conditions climatiques mais aussi de l’entrée en scène d’éléments extérieurs comme les icebergs, les terres, les maisons, le soleil ou la lune.

Lorsque l’on fixe ce hublot qui semble comme incrusté dans le mur, on a l’impression d’être dans le bateau. Le paysage défile lentement dans un grand silence, paisible.

Contrastant avec cette beauté tranquille, la vidéo Espace vehicule n°6 vient titiller notre attention par sa musique répétitive et ses images accusant constamment des ruptures de signal. Simon Faitfull a recours à un ballon-sonde et une mini-caméra pour capter l’expérience insolite d’une chaise qui s’envole à 30 kilomètres de haut.

La situation semble absurde, que vient faire cette pauvre chaise dans le ciel, condamnée à la désintégration une fois qu’elle sera montée trop haut ? Le spectateur ne manque pas de s’y projeter alors que cet objet froid et impersonnel reste évidemment impassible quoique très agité quand il pénètre dans la stratosphère, espace dans lequel il fait moins 60 degrés et où l’homme ne pourrait respirer. Le procédé donne naissance à une certaine angoisse, la musique répétitive obsède.
De même, la caméra pendue à un fil n’arrête pas de tourner sur elle-même et la transmission a des ratés. Tout cela provoque un effet dramatique et le spectateur ne peut s’empêcher de considérer le côté vain de cette ascension vers des contrées hostiles et de ressentir l’approche de la chute finale.

Simon Faithfull aime à utiliser les technologies de notre temps. Il se sert de son Palm Pilot comme d’un outil d’enregistrement lors de ses déambulations dans le monde et réalise de petits dessins qu’il diffuse ensuite sur Internet.

C’est à partir de ce type de dessins, réalisés via le stylet et les pixels, qu’il monte de petits films d’animation. On pourra découvrir à la galerie l’un d’entre eux : 13.
Ce film repose sur une série de 13 croquis réalisés pendant 13 jours sur la nationale 13, route entre Londres et la côte Essex. Le dessin s’anime devant nos yeux. Les pixels apparaissent et disparaissent donnant naissance à une ligne mouvante qui prend des formes en perpétuelle métamorphose.
Et cette réalité, bien que vécue, lorsqu’elle passe par le biais du pixel, perd toute sa consistance pour rentrer dans le domaine du virtuel, de ce qui n’existe pas vraiment.
 
L’art vidéo et digital de Simon Faithfull est une invitation au voyage qui, partant de l’idée de trace et de témoignage, s’en éloigne plus ou moins selon l’utilisation de certaines technologies. Pour finalement, redonner sa dimension imaginaire à la réalité d’un vécu.

Simon Faithfull
— 44, 2005. Vidéo 44 minutes
— 13, 2004. Vidéo. 5 min
— Escape Vehicle no.6, 2004. Vidéo. 25 min