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Vidéodanse 2009 : soirée d’ouverture

Christian Rizzo est artiste invité du Nouveau Festival du Centre Pompidou. La soirée d’ouverture de la troisième édition de Vidéodanse lui est également dédiée. A l’affiche, film et performance. Nous avons ainsi l’occasion de découvrir Christian Rizzo dans un entretien filmé. Laurent Goumarre pose les jalons d’une œuvre surprenante et protéiforme et laisse la parole au chorégraphe. La démarche du film documentaire qui s’en suit sera bien différente. Nous verrons très peu Christian Rizzo à l’image, mais nous serons infiniment proches de ses manières de faire.

Le film suit le travail de création d’une pièce de 2008. Mon Amour, une œuvre électrique, fascinante, à la respiration dense de musiques amplifiées, de chants de Mark Tompkins, de textes poétiques de Patti Smith ou William Carlos Williams. Le hasard des trajectoires des danseurs, qui se heurtent en arpentant l’espace et la mémoire des corps, est ponctué par le passage hallucinant et implacable des asphodèles, énormes sphères au mouvement lisse et silencieux.
La caméra d’Arnold Pasquier nous ouvre une toute autre perspective sur cette pièce et affirme fortement la nécessité de filmer la danse et d’en restituer les multiples points de vue, démarche qui est au cœur du festival Vidéodanse. La fragilité déchirante qui parcourt cette création est située par le regard tactile, pudique du réalisateur à fleur de peau, là même où les corps se rencontrent, où des expériences se frôlent, où la danse se décline en gestes enfouis, en liens et ruptures, en chutes.

Les chutes, justement, sont au centre de la performance Comme crâne, comme culte, présentée dans le Foyer du Centre Pompidou à l’issue de la projection. Il y va d’abord d’une chute initiale, accident créateur qui jette le corps du danseur, vêtu de cuir, le visage cagoulé sous son casque, en dehors de tout univers de signification, dans un espace où l’interprétation est suspendue — motard séparé de sa moto et de tout contexte narratif. Il y va par la suite de chutes arrêtées dans des instants d’équilibres improbables. Le mouvement s’y love, vertigineux, ahurissant.

Créé en 2005, dans le cadre du dispositif Le vif du sujet au Festival d’Avignon, Comme crâne, comme culte reprend un travail plus ancien initié par Christian Rizzo et Rachid Ouramdane. En 2002 déjà, dans Skull Cult, ce dernier incarnait la posture singulière de ce héros contemporain solitaire pris dans une pure expérimentation perceptive, surprenant travail d’articulations et de suspensions. Le chorégraphe revient sur cette performance et cherche à mener une réflexion sur les traces, le souvenir d’une expérience et son « re-enactment ». La formation de circassien de Jean-Baptiste André donne une qualité particulière à cette danse étrange où le corps « ne se dévoile que caché, doublement filtré par l’histoire d’un autre et par le costume figure ».

Un autre présent, un autre contexte aussi, car, qui plus est, la pièce a été donnée sur un sol de Vincent Lamouroux, une sculpture pratiquable qui se déploie sous les pas des visiteurs. La danse intègre dans ses chutes suspendues les accidents ondulants du Sol.07. Il s’agit donc d’une véritable performance in situ à l’occasion de cette première édition du Nouveau Festival où les espaces du Centre Pompidou se métamorphosent pour mieux s’ouvrir aux manifestations les plus surprenantes de l’art contemporain.

Parole de chorégraphe, Christian Rizzo et Laurent Goumarre, 2009
Notre Amour, documentaire d’Arnold Pasquier, 2009. D’après le spectacle Mon Amour de Christian Rizzo.
Comme crâne, comme culte, une proposition de Christian Rizzo, interprétée par Jean-Baptiste André sur le Sol.07 de Vincent Lamouroux