Lida Abdul, Taysir Batniji, Juan Manuel Echavarria, Jean-Michel Pancin
Conflit d’images
La guerre est affaire de manipulation, de propagande médiatique (télévision, Internet). On parle avec pudeur de «conflit» en évoquant l’image lisse plus ou moins violente, émouvante et mise en scène d’une situation exotique aux problématiques souvent troubles.
La copie brouille l’original jusqu’à l’en vider de toute substance, de sa douleur.
À travers quatre sensibilités et contextes spécifiques, «Conflits d’images» s’intéresse à la façon dont l’artiste regarde le conflit, le vit, le reçoit, le comprend, le décrypte, le critique et en témoigne.
Programme
– Lida Abdul (Afghanistan), White House, 2005, 5’.
Dans une performance muette, l’artiste entreprend de repeindre en blanc les décombres de deux maisons bombardées à proximité de Kaboul comme pour les panser, effacer les stigmates de la douleur intense ressentie en ces lieux.
– Taysir Batniji (Palestine), Gaza, journal intime, 2001, 5’.
Gaza, terre d’affrontements permanents, synonyme de terreur, icône d’un conflit embourbé dans l’incompréhension. Taysir Batniji fait découvrir d’un territoire vécu au quotidien avec ses rues, ses gens, ses gestes, ses bruits comme celui du hachoir à viande qui symbolise à lui seul la violence séparatrice du conflit cinquantenaire.
– Juan Manuel Echavarria (Colombie), Bocas de Ceniza, 2001-2004, série de 7 vidéos de 2’30’’.
Filmés en plan serré sur un fond neutre, les visages des victimes de la violence d’un pays en prise aux guérillas perpétuelles chantent leurs douleurs. Chacun entonne un «blues» de son cru pour exprimer les calvaires endurés par la communauté afro colombienne à laquelle ils appartiennent.
Chacun a son histoire: un frère exécuté, un enfant enlevé, une mère torturée. Le chant devient alors un mode d’expression libre bravant les interdits. Le seul qui leur soit permis, à eux, privés du droit de vote.
– Jean-Michel Pancin (France), God Bless…, 2004, 14’
Premier conflit d’occupation du vingt-et-unième siècle, la guerre en Iraq est avant tout un show pour des millions de téléspectateurs américains. Jean-Michel Pancin a filmé en direct cette guerre scénarisée et scénographiée dont la terrible mais bien lointaine réalité s’insert dans les grilles de programme des chaînes télévisées comme n’importe quel autre contenu.