L’exposition « Vertige » à la galerie parisienne Les filles du calvaire présente des photographies d’Erwan Morère : des tirages en noir et blanc sur lesquels s’imprime la vertigineuse matière du monde.
Les photographies d’Erwan Morère fixent le vertige face au monde
Le titre de l’exposition, « Vertige », renvoie directement à la sensation que transmettent les photographies d’Erwan Morère et à celle qu’elles tentent de fixer. Ce qui est au cœur de ces images très contrastées au rendu souvent trouble, comme floutées par un grain épais, c’est le vertige des êtres face au monde. La démarche du photographe vise à montrer la place réelle qu’occupent les humains : celle d’entités perdues au sein d’un chaos qu’elles ne peuvent déchiffrer ni comprendre.
Sur une photographie sans titre réalisée en 2016, on distingue un enfant allongé sur le dos, les membres écartés, comme figé dans un mouvement de stupeur. On ne devine pas immédiatement qu’il flotte au milieu d’une piscine et l’on remarque son regard plongé dans le ciel et son corps qui semble saisi par son immensité et son mystère. Sur le cliché intitulé Malmousque #27, on n’entrevoit d’un corps plongeant dans les fonds marins que eux jambes surmontées d’une masse de bulles. Comme souvent chez Erwan Morère, le sujet est gommé : il n’apparaît que par fragment ou de façon esquissée ou encore tel une silhouette sans visage.
Un noir et blanc qui incarne la matière onirique du monde
Les figures humaines ne sont dans les photographies d’Erwan Morère que de fragiles formes perdues entre l’énigme métaphysique du ciel et la puissance matérielle mais onirique de la terre. Cette matérialité inintelligible s’inscrit avec force dans des tirages qui semblent reproduire le cotonneux du ciel, le granuleux de la roche, l’émulsion de l’eau et la densité de l’air… Par un développement en laboratoire exploitant les techniques argentiques et la mise au point d’une technique de jet d’encre pigmentaire, Erwan Morère obtient un noir d’une profondeur et d’une texture très picturale.