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Verticale parallèle

Alexandre Ponomarev, «premier artiste sous-marinier de l’histoire de l’art» selon Alfred Pacquement, a imaginé à l’occasion du Festival d’Automne un étonnant périscope épousant les lignes de la chapelle de la Salpêtrière.

Information

Présentation
Alexandre Ponomarev
Verticale parallèle

Texte d’Alfred Pacquement

«Août 2007 : on apprend qu’un navire d’expédition russe a atteint la verticale du pôle Nord et que deux sous-marins d’exploration sont descendus planter le drapeau russe à plus de 4 000 mètres de fond. «Toucher le fond à une telle profondeur, c’est comme faire le premier pas sur la Lune», a déclaré l’un des chefs de l’expédition.

L’objectif d’une telle opération se veut bien entendu stratégique, au nom d’intérêts géopolitiques. Mais on se plait à l’imaginer transformée en performance artistique, avec un Alexandre Ponomarev accroché à la proue au-dessus des mers glacées, comme il le fit dans la baie de Baffin en figure protectrice du navire (La Figure de Baffin, 2006), agitant l’aiguille des boussoles par son propre souffle (La Topologie du zéro absolu, 2005), faisant disparaître la terre d’arrivée (Maya ou l’Île perdue, 2001) jusqu’au sous marin lui-même devenu invisible (La Base, 2003).

Ponomarev est le premier artiste sous-marinier de l’histoire de l’art. L’espace maritime est son matériau, le sous-marin son thème privilégié, non exclusif mais largement présent. Selon les cas, il met en place des dispositifs complexes au milieu de l’océan dont les seuls spectateurs seront «les mouettes et les poissons», ou encore construit dans l’espace du musée des machines aquatiques à la technologie sophistiquée accompagnées de systèmes de projection d’images et portées par un art savant de l’illusion. Ponomarev aime l’aventure. Rien ne fera obstacle aux projets les plus extrêmes, qu’il s’agisse du temps du voyage, de la complexité des dispositifs et de leurs conditions de réalisation, ou encore d’amerrissages impossibles tel ce kiosque de sous-marin que l’on retrouve successivement dans la Loire, dans un bassin des Tuileries et dans la Moskova, chaque fois sous un autre nom comme pour brouiller les pistes et dont nul ne saurait dire où se produira sa prochaine apparition.

Pour son projet à la Salpêtrière, Ponomarev rend à la rotonde de la chapelle son fondement architectural : regardant les quatre nefs et autant de chapelles latérales, le spectateur placé au centre et tournant sur lui-même prend conscience de l’ensemble de l’espace dans ses différentes fonctions. Grâce à la magie du périscope il atteint le dôme au long de cette immense verticale, traverse le lanternon et contemple l’espace de la ville au-delà des murs du bâtiment. De même que le capitaine du sous-marin observe l’horizon depuis le fond des mers et découvre l’inconnu, Ponomarev conquiert un territoire mental et l’offre à tous ceux auxquels il appartient : les visiteurs de la chapelle, les fidèles des offices religieux, mais aussi les travailleurs de l’hôpital et les malades à qui sont transmises ces mêmes images par le biais de la technique. Beau symbole d’une vision libérée de toute contrainte et des oppressions que les artistes, comme tout autre citoyen, ont pu connaître dans une histoire récente. Accroché à la proue de son navire, humant l’air glacé, prenant tous les risques, l’artiste Ponomarev contemple l’horizon et prépare d’autres aventures.»

Alexandre Ponomarev, né en 1957 à Dniepropetrovsk, vit et travaille à Paris.

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