Michael Kenna
Vers le soleil. Shinan
Shinan est le nom d’un archipel de plusieurs centaines d’îles et îlots situé au sud-ouest de la péninsule coréenne. Michael Kenna a photographié cette région sur une période de deux ans.
De ce paysage aquatique et minéral, Michael Kenna a tiré des images lyriques, tantôt sombres ou lumineuses: côtes découpées plongeant dans la mer, îlots coiffés de pins, infinis alignements des fermes d’algues.
Photographies parfois semblables à de parfaits dessins à l’encre. Michael Kenna travaille en effet ses images comme une composition picturale, une représentation idéale du paysage.
Et cependant ses outils sont purement photographiques: recherche minutieuse du cadrage, de la lumière, jeu sur le temps d’exposition, et enfin travail virtuose du tirage argentique (il n’est pas inutile de le rappeler à l’heure où le numérique permet d’infinies manipulations des images).
Derrière cette perfection formelle, le travail de Michael Kenna est avant tout une longue approche physique des paysages: heures de marche et d’attente, pour guetter le soleil du petit matin ou les dernières lumières du soir, dans les neiges d’Hokkaïdo ou sur les falaises de Shinan.
La photographie de Michael Kenna est une célébration de la nature dans ce qu’elle a d’immuable, ou de toujours recommencé: la mer, les roches, les arbres. Pas de présence humaine, sinon celle, justement, du regard posé sur la beauté du monde.
Cette quasi abstraction du point de vue donne à ses images une qualité méditative, hors du temps, qui les rend universelles.
Ce pourrait être le premier regard d’un homme découvrant la mer: une image de l’émotion devant les plus belles manifestations de la nature et de la lumière.