Véronique Joumard, Ange Leccia
Véronique Joumard, Ange Leccia
La mer est un motif récurrent dans l’œuvre d’Ange Leccia. Dans la vidéo éponyme, La Mer (2001), les vagues, filmées en plan fixe, s’élèvent à la verticale sur le mur de projection. Leur mouvement de va-et-vient silencieux évoque une respiration, renvoie à un temps infini. Le montage en boucle, sans début ni fin apparents, renforce ce sentiment d’intemporalité : «mes pièces sont comme des sabliers, indique l’artiste, des moments qui s’épuisent et se régénèrent sans cesse.»
Elles soulignent également la matérialité de l’image vidéo et en cela son rapport à la peinture. Ainsi, l’écume blanche vient s’échouer sur le sable noir telle des coups de pinceaux sur une toile abstraite. Ces images invitent à la contemplation et poursuivent «la quête de l’énoncé pudique d’une émotion non verbalisable» (Pascal Beausse) dans laquelle s’est lancé Ange Leccia.
Pour l’œuvre Miroirs (2003), Véronique Joumard a recouvert d’un film à vision angulaire trois miroirs au format allongé évoquant celui des photographies panoramiques. Le reflet n’apparaît clairement que de biais alors que de face le miroir est envahi par une brume qui rappelle la technique picturale du sfumato.
Seuls les éléments désaxés sont visibles et le spectateur s’engage dans un jeu de cache-cache avec sa propre image. Sans être un simple reflet, elle modifie, modèle l’œuvre voisine La Mer et lui donne sa propre interprétation.