Véronique Hubert
Véronique Hubert est une artiste dont la production protéiforme allie le dessin, la photographie, l’installation, la vidéo pour faire exister et exulter ses personnages. La dernière en date, la fée Utopia qu’elle interprète elle-même, s’installe à l’Espace Croisé. Dotée d’ailes et d’un voile bleu, accessoires tout aussi indispensables que succincts, elle y apparaît sous toutes formes d’incarnations. Dessinée, photographiée, filmée elle s’obstine à définir un monde combiné.
Véronique Hubert improvise aussi bien dans son atelier que s’engage dans les espaces publics. Utopia s’autorise toutes les expérimentations. Elle agit seule ou recrute parfois des amis artistes et des rencontres circonstancielles en fonction de projets précis. L’univers d’Utopia se déploie dans le brassage et la connivence. Trois alcôves sont spécialement construites pour des projections de films dans lesquelles la fée affiche son caractère, ses humeurs et ses obsessions. Utopia se déclare pessimiste. Utopia se sait têtue. Utopia se revendique bavarde. Le ton est donné et s’affiche sur l’ensemble des murs disponibles où des dessins et des photographies corroborent le choix des films projetés.
Utopia brasse des mots, des sons, des voix, des images comme on brasse des idées. Ses obsessions sont divulguées par l’intermédiaire de montages précis et compulsifs. La fée peaufine son apparence, ses cubes/sandales émettent des sons et prodiguent des voix aux injonctions rythmées: Cubes bavards, 2009. Armée d’une structure blanche, exhibée et protégée à la fois, elle déambule la nuit: Aimer pas tout le temps, 2011. Elle se cogne obstinément aux murs comme pour mieux se frotter à la réalité et s’affranchir soudainement de la nébuleuse de son personnage: Collection de chocs, 2008-2011. Elle enrôle des adeptes à la poursuite du bonheur dans ses pérégrinations urbaines: Alibi, 2011. Le «Sois heureux» professé dans le film rappelle les bonnes intentions qui s’impriment à l’image du film Rejets, 2011. Utopia chantonne tout en lançant méthodiquement chaque vêtement d’une pile soigneusement constituée, dans un exercice résolument jubilatoire. A venir le monde sera beau, 2009, le titre d’un autre film résonne en contrepoint. En définitive une énergie frénétique et la cohérence de la profusion d’un univers fictif se dégagent de l’exposition.