Vera Lutter
Ce sera la première exposition muséale de Vera Lutter en Europe depuis l’exposition organisée par le Kunsthaus de Graz en 2004. L’exposition présentera un ensemble important d’une vingtaine de grandes œuvres photographiques réalisées entre 1997 et 2011. Deux nouveaux projets, One Day, une installation vidéo sonore et Albescent, un ensemble de quinze tirages numériques grand format de la lune seront tous deux exposées pour la première fois.
Le travail de Vera Lutter a pris sa forme actuelle vers 1993-94 quand elle a déterminé les conditions de prise de vue de ses grands tirages uniques gélatino-argentiques en utilisant une chambre ou un container comme camera obscura. Les images en négatif qui en résultent sont impressionnantes par leur force descriptive bien qu’elles dématérialisent tout ce qui se passe dans la chambre noire. Lutter a étudié la sculpture à l’Académie de Munich et ne se considère pas comme une photographe même si elle ravive l’une des plus anciennes techniques de cette forme artistique. Ses images transforment la nature même de ce qu’elle capte de sites quotidiens dans une pure perception d’un temps suspendu, étiré.
Linger On est la première pièce visible dans l’exposition de Vera Lutter à Carré d’art à Nîmes. Cette photographie d’un zeppelin, placée transversalement dans l’espace d’une salle, est reportée sur un plan de plexiglas translucide. La photographie originale utilisée pour l’installation a été réalisée en 1999 et apparaît comme l’image intemporelle d’un hangar dans lequel le gros volume primitif du zeppelin est suspendu comme dans un mouvement arrêté. La partie historique de l’exposition suit le développement du travail de l’artiste depuis le milieu des années 90 et s’organise autour de quatre groupes: les vues architecturales et urbaines, les sites industriels, Venise, et les œuvres auto-réflexives plus conceptuelles où l’artiste installe certains tirages dans l’environnement même où ils ont été réalisés, entraînant une perturbation de l’espace et une mise en abîme. Cet ensemble sera encadré par la projection de One Day en deux parties: la première salle de l’exposition présente les huit premières heures du jour, alors que la dernière présente les huit dernières.
One Day, est un film de 24 heures d’un paysage avec un plan fixe. Un enregistrement précis des sons de la nature accompagne l’image et rend évidente l’évolution de la lumière durant une journée d’été. Il s’agit de la première pièce vidéo de l’artiste. Dans Albescent, Vera Lutter a entrepris une suite de photographies de la lune à différents moments de son cycle dans sept villes. Ici le temps d’exposition est très court, parfois pas plus d’un quart de seconde. Comme Vera Lutter en fait elle-même la remarque, elle rejoint dans cette série l’instantanéité qui est à la base de l’histoire de la photographie. Déviant de son procédé photographique analogique, ici Lutter utilise un appareil numérique pour enregistrer les phénomènes naturels. Ces œuvres évoquent l’origine de la lumière et le rôle que la lumière prend dans la création de la notion du temps et la conception de l’image tangible.