Comme chaque année, l’exposition « Vendange tardive » présente au Centre d’art de Meymac les travaux réalisés pendant l’été par quatre peintres en résidence à Chamalot-Résidence d’artistes. Une résidence qui a pour originalité d’être réservée à des peintres qui sont accueillis pour un mois en binôme. On découvre dans cette édition les œuvres de Guillaume Ginet, Timothée Schelstraete, Pierre Bellot et Guillaume Valenti.
Epuisement du motif chez Guillaume Ginet
Les images créées par Guillaume Ginet reposent sur une logique sérielle qui a pour finalité d’exploiter de façon exhaustive un motif donné. Ainsi on retrouve dans le tableau intitulé 4 MK, esquissées en teintes franches, noir pur et couleurs vives, les lignes maîtresses d’un thème graphique déjà décliné dans plusieurs autres œuvres : une forme enroulée présente dans une sculpture, dans une impression en noir et blanc et dans divers autres tableaux aux allures d’images de synthèse. Au-delà de ses qualités propres chaque œuvre s’inscrit dans un réseau global fait de correspondances, de télescopages et de passerelles sans limite entre les différentes périodes de l’histoire de l’art et les différents styles. En ayant recours à de multiples médiums comme autant d’angles pour cerner un même sujet, la démarche de Guillaume Ginet nourrit une réflexion sur les moyens de production.
Aliénation du familier chez Timothée Schelstraete
Un casque de moto réduit à sa structure métallique jusqu’à ressembler à un heaume de chevalier médiéval, l’angle d’une pièce en métal représentée en gros plan, en superposition de gris sur un fond gris… Les tableaux de Timothée Schelstraete constituent une suite d’éléments souvent difficilement identifiables : des détails d’objets produits industriellement à l’aspect usé, capté sous une lumière blanche et sur des arrière-fonds sombres. A la fois familières et méconnaissables, les formes émergeant des toiles sourdes parviennent par un léger décalage des modes de représentation à rendre étrange voire hostile notre quotidien le plus banal.
La peinture se nourrit de la photographie chez Pierre Bellot et Guillaume Valenti
La peinture de Pierre Bellot se nourrit d’autres images, des photographies réalisées par d’autres personnes, dans lesquelles viennent s’inscrire les visions personnelles de l’artiste. De ce sujet naît une série de tableaux explorant les enjeux essentiels de la peinture contemporaine : quels sujets représenter et comment les représenter ? Chez Guillaume Valenti aussi, les peintures naissent de photographies, qu’elles soient personnelles ou trouvées sur Internet. Leur sujet récurrent est l’espace d’exposition lui-même. Dans le tableau à l’huile sur toile intitulé Parquet, une surface blanche semble flotter au-dessus d’un parquet brillant, au milieu d’une pièce aux murs blancs. Dans Diaporama, une vase salle plongée dans l’obscurité est seulement éclairée par une succession de scènes projetées sur ses murs. Le tableau Sans titre (galerie) offre quant à lui un jeu infini sur les formes à travers la représentation d’une salle d’exposition où les motifs géométriques des tableaux répondent aux carrés du faux plafond et aux dalles quadrillées du sol. Enjeux purement picturaux et réflexion sur le statut des images se mêlent dans ces œuvres.