Agnès Varda
Varda/Cuba
Décembre 1962, Agnès Varda est à Cuba, à la Havane. L’exposition de la galerie de photographies du Centre Pompidou révèle les étonnantes photographies réalisées par Agnès Varda lors de ce séjour, qui sont récemment entrées dans les collections du Centre Pompidou.
Son périple s’inscrit dans la tradition des voyages d’artistes et d’intellectuels français à Cuba. Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Gérard Philipe ou Chris Marker y sont déjà allés; Henri Cartier-Bresson et René Burri sont là en même temps qu’elle; Michel Leiris, Marguerite Duras et quelques autres y séjourneront bientôt.
Agnès Varda raconte volontiers qu’elle a eu trois vies: d’abord photographe, puis cinéaste, avant de devenir artiste plasticienne. De ces trois existences, c’est certainement la première qui est la moins connue.
Dans l’île caribéenne, Agnès Varda est fascinée par l’élan de mobilisation populaire que suscite la révolution. Mais elle est loin d’être naïve et demeure critique face aux impasses et aux contradictions du régime. Cela fait, en effet, quatre ans que Fidel Castro et son Movimiento 26 de Julio ont renversé le dictateur pro-américain Fulgencio Batista. Après le débarquement avorté dans la baie des Cochons, la mise en place de l’embargo économique et la crise des missiles, la tension avec les Etats-Unis est à son paroxysme. En octobre 1962, les photographies prises par un avion de reconnaissance américain révèlent que les Soviétiques construisent sur l’île des rampes de lancement d’ogives nucléaires. Seules d’intenses négociations internationales permettront alors d’éviter que ce soudain «réchauffement» de la guerre froide en plein cœur des Caraïbes ne déclenche un nouveau conflit mondial.
A La Havane et dans ses environs, Agnès Varda découvre un étonnant cocktail de politique omniprésente et de sensualité débridée. Cuba représente à ses yeux la rencontre inédite «du socialisme et du cha-cha-cha». Agnès Varda y réalise des milliers de photographies en vue d’en faire un film. Elle fixe l’atmosphère nerveuse de la ville, la démarche chaloupée des Cubaines, la coupe de la canne à sucre, les danses de rue improvisées et les discours interminables du Lider Maximo devant une foule conquise.
Ses images jouent avec la composition, la profondeur de champ et les premiers plans. Elles ont la qualité d’un regard aigu mais toujours en mouvement.
Vernissage
Mercredi 11 novembre 2015
Galerie des photographies, Forum -1