Claude Closky
Vampires et fantômes
Des dessins, collages, photographies et vidéos sont réunis dans cette exposition de Claude Closky à la galerie Laurent Godin. La présentation surprend : plongée dans le noir, l’exposition intitulée «Vampires et fantômes» est seulement éclairée par les quelques vidéos diffusées en continu. Tandis que les œuvres sont éclairées à intervalles irréguliers avant de s’effacer à nouveau, comme des fantômes.
La vidéo intitulée Premier Plan est soumise à la même logique: elle dure quatre minutes avant de s’éteindre pendant douze. A chaque nouvelle diffusion, la vidéo est différente. Elle est composée à partir d’un fonds de plusieurs centaines d’images d’objets, de textures et de mots prélevées dans des publications papier ou numériques, qui sont à chaque fois assemblées suivant un ordre nouveau. Ces enchaînements arbitraires confèrent à chaque fois de nouveaux sens à cette Å“uvre qui fait office de mise en abyme de l’ensemble de l’exposition.
Ce jeu des éclairages et des diffusions vidéo intermittents, le sens de la visite et les changements de contenus de certaines Å“uvres renvoient à un arbitraire, un hasard voulu par Claude Closky. L’exposition et sa réception pilotés par des algorithmes échappent à l’artiste.
Claude Closky explore à travers cette absence volontaire de maîtrise les opérations de pensée. Les images, les objets, les actes et les mots et soumis à l’arbitraire algorithmique bouleversent l’apparente logique et la souveraineté de nos opérations de pensée et nos modes de perception. Claude Closky démonte nos systèmes d’intelligibilité du monde, ces pensées réflexes qui nous semblent évidentes.
Nos systèmes de représentation sont également bousculés par le diptyque Mirror With Vampire, Window With Ghost composé de deux dessins parfaitement symétriques représentant chacun deux traits obliques sur une surface en verre. Ce diptyque repose sur deux principes: 1° un fantôme est transparent, donc invisible derrière une fenêtre elle-même transparente; 2°un vampire ne se reflète pas dans un miroir. Ces deux dessins montrent bien ce qu’il y aurait à voir dans une telle scène: l’absence d’image. Pourtant, notre attente suscitée par le titre de l’œuvre est déçue. Nous sommes directement renvoyés à nos mécanismes de représentation, beaucoup moins logiques que nous le prétendons. (Texte rédigé à partir du communiqué de presse de l’exposition écrit par Klaus Speidel).