Valérie Jouve
Valérie Jouve
Valérie Jouve «complètent» au fur et à mesure ses réflexions menées sur la ville, cet espace de vie collective: «La ville est à l’image de notre société, avec ses cadres de normalisation très puissants (…). Dès lors, comment imaginer une société qui puisse se nourrir de ses singularités, qui puisse considérer un hors norme comme un levier et non comme un repoussoir.» (Valérie Jouve)
Valérie Jouve a commencé par des études de sociologie avant de se consacrer à la photographie. Sa façon d’envisager la ville et ses habitants relève d’un travail précis rappelant celui de l’enquête sociologique, à laquelle elle emprunte une forme de méthodologie. L’artiste étire ainsi les possibilités de l’image documentaire, notamment en introduisant la mise en scène.
Dans les salles d’exposition du Frac Basse-Normandie, Valérie Jouve présente des photographies produites pour l’occasion, mêlées à d’autres plus anciennes. «C’est pour moi l’occasion de faire travailler ensemble des images faites au 24×36 (plus dynamiques) et mes images faites à la chambre photographique plus posées. C’est donc aussi une tentative de créer avec ces images de différentes natures, et ces mondes parfois même opposés, une sorte de proposition d’un rythme possible et riche de ces différences multiples.» (Valérie Jouve)
L’artiste met en tension des mondes qui se résistent. Il s’agit autant de confronter des notions –telles qu’«ordre/désordre», «rigidité/souplesse»– que des lieux. Les figures présentes dans ses photographies, Les Personnages comme elle les appelle, se font les passeurs de ces problématiques.
Ainsi, des images de lieux normés côtoient des Personnages revendiquant leur singularité, les villes arabes très paysagères côtoient la rigidité de l’urbanisme occidental, etc. Elle construit un monde à la fois fragile (ruine, figures solitaires, regards dans le vague) et en résistance (piliers, regard soutenu, homme qui avance).
Tel un scénario, l’exposition est conçue autour de cette tension fragile où le spectateur est emmené, imprégné par une succession de liens entre les images. Jouant sur ce rythme, Valérie Jouve a invité Wissam Murad, oudiste, pour un concert spécial le soir du vernissage.