Communiqué de presse
Marc Bauer, Alain Bublex, Matthew Buckingham, Mario Garcia Torres, Alain Huck, Lamia Joreige, Gianni Motti, Estefania Peñafiel-Loaiza, Marco Poloni, Didier Rittener, Christian Robert-Tissot, Matteo Terzaghi & Marco Zürcher, Ian Tweedy et Jeffrey Vallance
Usages du document
Dans les années 1990, des recherches de type documentaire se sont multipliées dans le champ de l’art contemporain. Des documents, en particulier des photographies, des fragments de presse ou des extraits de films, ont été de plus en plus utilisés comme sources ou éléments constitutifs des oeuvres. L’exposition Usages du document poursuit ces recherches.
Elle rassemble des artistes de diverses provenances qui intègrent des documents dans leurs pratiques, avec des propos très
différents les uns des autres. En invitant le festival de cinéma Visions du Réel à traiter de ces mêmes questions, nous cherchons aussi à analyser simultanément les méthodes et les enjeux en vigueur dans les champs respectifs du cinéma et des arts plastiques.
Marc Bauer utilise couramment des documents, qui concernent autant des faits historiques que l’histoire de sa famille. Il les intègre dans ses dessins qui sondent les mécanismes de la mémoire. A la suite d’un voyage à Odessa, il présente ici un ensemble de dessins inédits qui revisitent le film d’Eisenstein Le Cuirassé Potemkine.
Alain Bublex « construit » depuis plus de 20 ans l’énigmatique ville de Glooscap, née de son imaginaire. Tout est plausible dans ce projet, y compris les plans de la cité dessinés sur les relevés d’un site existant sur la côte est du Canada. La fiction est implantée dans le réel, Glooscap « existe » par une multitude de documents.
Dans son film False future, Matthew Buckingham réactive un pan oublié de l’histoire du cinéma. Par un plan fixe et un récit, il fait vivre l’histoire de Louis Le Prince qui, cinq ans avant les frères Lumière, aurait réalisé le premier film, disparu mystérieusement lors d’un trajet en train Dijon-Paris.
Au moyen d’une projection de diapositives, Mario Garcia Torres se rend sur le site du Momas, un musée que l’artiste allemand Martin Kippenberger voulait créer sur l’île grecque de Syros. Aujourd’hui, le bâtiment qui est à l’origine du projet a donné place à une station d’épuration d’eau.
Avec son Majorana Experiment, Marco Poloni mène l’enquête autour de l’histoire du physicien italien Majorana, qui aurait participé à la découverte de la fission nucléaire. En présentant un film détérioré qu’il aurait trouvé chez un revendeur à Téhéran, l’artiste redonne vie au chercheur disparu en mer en 1938.
Pour constituer la base de Janus, Janus !, Alain Huck s’est servi de photographies parues dans la presse. Il en résulte un imposant et vibrant dessin dans lequel, sous les couches de fusain brossé, transparaissent des scènes de violence atemporelles, qui ont trait aux événements récents qui ont secoué Gaza.
Non loin de Gaza, l’artiste libanaise Lamia Joreige utilise la vidéo pour construire, depuis 2000, l’oeuvre Objets de guerre. Des individus se succèdent à l’écran, chacun racontant, à partir d’un objet choisi, son histoire personnelle dans une situation de guerre qui semble inextricable.
Gianni Motti présente 16 documents qui attestent de ses revendications artistiques de catastrophes, notamment des tremblements de terre. De mèche avec les agences de presse, il réussit à faire paraître ses revendications dans les médias, aux côtés des informations traitant des événements qu’il revendique.
Dans les images des journaux, Estefania Peñafiel-Loaiza s’intéresse tout spécialement à ces personnes qui, malgré elles, apparaissent comme des figurants. Avec une gomme, elle les réduit en « poussière » qu’elle recueille dans des petites fioles en verre, des urnes d’histoires anonymes et éphémères.
Didier Rittener collecte des images, telles que reproductions d’oeuvres, motifs ornementaux ou typographies. Il les isole, les retouche et les recopie au crayon noir au moyen de calques. Ses compositions revisitent des langages visuels universels issus de différentes périodes historiques.
Le duo Matteo Terzaghi & Marco Zürcher utilise aussi des images existantes, en particulier des photographies. Tower Bridge est composée de photographies anciennes trouvées au hasard des marchés. Dans leur nouvelle articulation, ces documents ouvrent des multiples possibilités de narration subjective.
Ian Tweedy se définit lui-même comme un « hacker de l’histoire » qui a inventé sa machine à remonter le temps. Il réalise des petites peintures sensibles à partir de documents de l’époque de la guerre froide. Parfois, il s’attaque à des objets, comme ce vélo, mémoire d’un temps de résistance, auquel il a accroché un fusil d’époque prêt à l’emploi.
En 1979, l’artiste californien Jeffrey Vallance réalisait Cultural Ties, une oeuvre inclassable. Dans une lettre accompagnée d’une cravate, il demandait à des personnalités internationales, le plus souvent des hommes politiques, une de leurs cravates en retour. Il en a reçu beaucoup, jointes à des courriers souvent révélateurs des mécanismes diplomatiques des différents pays.
Dans cette exposition, Christian Robert-Tissot constitue un cas à part. Son intervention résulte d’une proposition que nous lui avons faite de s’infiltrer dans le Festival « Visions du Réel » à Nyon, et que son projet soit poursuivi au sein du Ccs. Ses énoncés, réalisés sous forme de cartes postales, d’autocollants et de diapositives projetées avant les films, interrogent la notion de réel.
Vernissage
Samedi 16 mai. 17h-21h.