David Kramer
Untitled (Because I Am Not Richard Prince…)
«Nous vivons à une époque où tout semble se conjuguer au présent. Les souvenirs sont juste les matériaux de base pour la représentation du soir. N’importe quel extrait de film ou document historique peut être trouvé sur le net, des chaînes de télé sont entièrement consacrées à la rediffusion de westerns et de dessins animés, tandis que simultanément les gens téléchargent les dernières nouvelles sur leur téléphone. Dans ce contexte, je suis un conteur. Un archiviste, et un homme de divertissement. Et surtout, un artiste.
Mon travail consiste à utiliser toute cette matière première, et en la regardant à travers le prisme de ma propre vie, à créer un instantané. A générer une expérience que le public peut s’approprier. Les rires et les sourires en coin sont mon salaire. J’utilise le familier, et me glisse dedans pour voir si ça me va. Puis je m’exhibe en montrant combien ça me va mal la plupart du temps. Généralement, j’évite de citer des noms.
J’aime que les gens aient leur idée sans avoir besoin d’un nom. Ils semblent comprendre de quoi je parle sans cela. Mais parfois le nom est l’ingrédient essentiel. Ce qui me rappelle l’histoire de…» (David Kramer, New York, 2010)
Parce qu’il puise dans sa propre vie la matière première de son oeuvre, David Kramer est le parfait conteur. Mais comme une vedette de cinéma que l’on retrouve au fil des rôles qu’elle incarne et des unes des tabloïds, il existe une scission entre l’homme et le personnage qu’il a créé.
L’individu présenté dans son travail est une version à la fois idéalisée et rabaissée de lui-même, dont la réalité est souvent adaptée au service de l’histoire. Les expériences de David Kramer rejoignent le combat universel des hommes pour un idéal de grandeur. Il se lève pour aller travailler tous les matins. Il est marié et père d’un fils. Il se bat pour joindre les deux bouts, et trouve souvent du réconfort dans un verre à la fin de la journée.
Son travail renvoie aux publicités des années 1970. Filles sexy et grosses voitures sont les symboles de la réussite, les cowboys la métaphore de la vie solitaire et misérable de l’artiste. L’architecture moderniste offre un cadre de vie plus agréable. Les cigarettes, éternellement cool, représentent cet amour irrationnel pour ce qui peut nous détruire. En re-activant des versions romancées et hautement stylisées du rêve américain, David Kramer analyse avec un humour incisif nos aspirations à une vie idyllique et l’amère gueule de bois du réveil.
Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Sarah Ihler-Meyer sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.
critique
Untitled (Because I Am Not Richard Prince…)