Rirkrit Tiravanija
untitled 2015 (run like hell)
Rirkrit Tiravanija présente dans l’espace principal de la galerie deux nouvelles œuvres quasi-monumentales.
Depuis ses débuts, Rirkrit Tiravanija s’est intéressé aux contre-cultures qui n’ont cessé de nourrir son travail. Mouvement contestataire par excellence du début des années 1970, le punk est une réponse aux différentes crises, artistiques, économiques et sociales du moment. Il témoigne d’un rejet total des circuits conventionnels et donne notamment le droit à tout un chacun de monter sur scène pour s’y exprimer, de manière plus ou moins talentueuse.
Inspiré par cette culture de l’amateurisme et de la contestation, Rirkrit Tiravanija provoque de manière récurrente des situations d’expérimentation, laissant le visiteur interagir en toute liberté avec ses installations et faisant ainsi glisser son statut de visiteur à celui de participant. «Pour moi l’œuvre est toujours dans la construction. Sans interaction ou activation, elle n’existe pas», dit-il.
Cette fois, Rirkrit Tiravanija présente une première œuvre qui abrite la reconstitution architecturale des toilettes du CBGB, bar new-yorkais sur Bowery street, désormais clos, qui a vu naître des groupes punk tels que Television, The Ramones ou encore Patti Smith. Les murs sont épurés et débarrassés des
milliers de graffitis et stickers accumulés pendant les 33 ans d’existence de l’établissement. Seules des traces imperceptibles, presque fantomatiques, apparaissent en relief. Tout comme le client du CBGB, le visiteur est ici libre de disposer des toilettes.
Le processus de reconstitution n’est pas étranger à l’artiste, familier de la reproduction de structures architecturales diverses comme la péniche Louise-Catherine du Corbusier, Asile Flottant, 2010, son propre appartement new-yorkais répliqué à l’échelle 1, Untitled (Tomorrow is Another Day), 1996, ou encore son studio de répétition musical, Rehearsal Studio n°6, 1996.
La deuxième pièce est une scène entièrement faite de marbre — reposant sur des bacs à glace — dont la structure s’inspire des scènes sauvagement improvisées, et sur laquelle trône le trio classique guitare/basse/batterie à la base du mouvement punk-rock. Chaque visiteur est ici libre de s’initier à la pratique des instruments sur scène et de faire résonner quelques riffs de guitare dans l’espace d’exposition.
L’utilisation du marbre est ici caractéristique du travail de Rirkrit Tiravanija: tout en conservant la fonctionnalité première de l’objet, il le détourne de son matériau initial pour lui préférer un matériau à la fragilité apparente. Pour Run Like Hell, il créé ainsi une nette opposition entre la délicatesse du marbre et la brutalité du mouvement punk.
Rappelant celles qui soutiennent la scène, les glacières en marbre disséminées dans l’espace servent quant à elles à contenir un fameux produit italien, le lardo di Colonnata. Ce produit, élaboré dans la commune de Carrare est traditionnellement affiné dans des coffres de marbre.
Poursuivant depuis le début des années 1990 son exploration de la notion de communauté et de convivialité autour de la consommation de nourriture, l’artiste invitera le visiteur à tailler le bout de gras pendant le vernissage. Un concert aura également lieu dans l’espace de la galerie au cours du vernissage.