Pour la première fois les archives du groupe UNTEL sont rassemblées à La Galerie, ainsi que certaines de leurs œuvres jamais montrées depuis leur création.
Entre 1975 et 1980, ce collectif formé de trois artistes (Jean-Paul Albinet, Philippe Cazal et Alain Snyers) a réalisé de nombreuses actions dans l’espace public: reconstitution au Grand Palais du Déjeuner sur l’herbe d’après Manet à l’occasion du Salon des artistes français, simili-défilé de mode au Louvre en costume de «touriste, nombreuses interventions de nature polémique dans l’espace urbain à travers la France.
Le dénominateur commun de ces actions est l’investigation du quotidien, investigation sociale et politique, à des fins critiques, très imprégnées des idées contestataires de mai 68 et de la pensée situationniste. Cet esprit se manifeste en particulier dans une œuvre partiellement reconstituée à Noisy, l’Environnement de type Grand magasin, créée pour la Biennale de Paris en 1977 (qui a été montrée une seule fois depuis dans son intégralité, à Albi, en 2001, dans l’exposition Expérimenter le réel). Le visiteur déambule entre les rayonnages de ce qui, à première vue, ressemble effectivement à un supermarché. Il s’aperçoit cependant bien vite qu’il n’y a rien à vendre et que les marchandises conditionnées qui sont en exposition, d’ailleurs pour la plupart invendables, renvoient davantage à son propre conditionnement mental de consommateur.
Cet environnement rassemble non sans humour des centaines d’articles réunis entre janvier et juin 1977 accrochés sur des présentoirs qui abordent chacun une problématique différente en rapport avec Paris : la radio-télévision (Service public ? Ou conditionnement mental), les déchets urbains (L’Écume des jours), l’inauguration de Beaubourg, le métro (Gardez votre indifférence jusqu’à la sortie), le logement (A louer, à vendre, à acheter ou à la rue), la police (S’il vous plaît, vous créez des attroupements, circulez!), etc. Le tout accompagné d’enregistrements d’émissions de radio sur l’actualité, entrecoupés de slogans de manifestations du type  » CRS, desserrez les fesses ! « ,  » Société nucléaire, société policière ! « .
Ces actions, enquêtes, et prélèvements dans le quotidien, en utilisant tous les supports et modes d’expression possibles (photographies, films, bandes sonores et vidéos, environnements, gestes, actions corporelles, objets fabriqués, etc.), tentent de mettre en évidence la banalité, l’insignifiance de ce qui constitue notre quotidien dans ses contradictions et ses aliénations. A partir de l’analyse du réel et de ses codes, il s’agit de tendre vers des prises de conscience, en mettant en question notre culture quotidienne par  » une réappropriation temporaire de l’espace social public « . Le champ de l’art fonctionne pour UNTEL avant tout comme un alibi :  » Si nous fonctionnons dans le milieu artistique, c’est que c’est le seul créneau où nous pouvons vivre notre marginalité « .
Montrer le travail du groupe UNTEL — souvent oublié par l’histoire de l’art — prend aujourd’hui tout son sens au regard des pratiques de jeunes artistes dont les activités (intervention dans l’espace public, usage du troc, investigation du champ social, etc.) répondent, de près ou de loin, aux enjeux qui étaient ceux du groupe UNTEL.
— UNTEL, Environnement type grand magasin, 1974.
— UNTEL, La Ville 365 jours par an, 1974-2001. 56 photo noir et blanc, panneau «Fin», 1974 .
— UNTEL, Performances, photos et textes plastifiés.
— UNTEL, Touristes, 1978. Vêtements, badges. Actualisation en 2002: photo sur caisson lumineux.
— Philippe Cazal, Une des deux parties d’un tout, 1975, (valises en bois) ; Semaine fermée, 1972.
— Jean-Paul Albinet, Vendredi 30 janvier 1976, (les unes des quotidiens nationaux sur présentoir peint).
— Philippe Cazal, Et le temps qui passe…, 1975, film vidéo d’une performance.
— UNTEL, Le Déjeuner sur l’herbe, film vidéo d’une performance au Grand Palais au salon des Indépendants, en 1976.
— Alain Snyers, Dessins, 1976.
— UNTEL, archives textes et photos sous classeurs.
— UNTEL, Affiches diverses.