Catherine Ikam et Louis Fléri
Unpainted faces
Catherine Ikam est l’un des artistes pionniers dans le domaine des nouvelles technologies en Europe. Elle travaille depuis 1980 sur le concept de l’identité à l’âge électronique et, plus particulièrement, sur les thèmes de l’identité et de l’apparence, du vivant et de l’artificiel, de l’humain et du virtuel.
Alors que nous avons tous parfaitement en mémoire des œuvres cinématographiques futuristes comme Blade Runner de Ridley Scott, Catherine Ikam, elle, baigne dans cet univers depuis près de trente ans.
Elle se fait connaître du grand public en 1980, avec Dispositif pour un parcours vidéo au Musée National d’Art moderne du Centre Georges Pompidou, un circuit mettant en forme l’idée d’identité et de représentation de soi. Avec Fragments d’un Archétype et Identité III, elle introduit la fragmentation dans les installations vidéo. Depuis, elle n’a de cesse de faire pénétrer le visiteur dans ce monde envoûtant du futur.
Catherine Ikam travaille en association avec Louis Fléri, depuis les années 1990, journaliste indépendant spécialisé dans les nouvelles images. Avec lui, elle invente de nouveaux espaces sensoriels et ouvre une ère nouvelle: celle de la redéfinition de nos repères spatio-temporels et de la modélisation d’un vécu.
En humanisant le numérique et en numérisant le vivant, Catherine Ikam et Louis Fléri ne cherchent pas la virtuosité technologique et les prouesses techniques dont sont capables ces personnages artificiels mais l’émotion qu’ils éveillent en nous. Le spectateur est un élément essentiel de chacune de ces installations, son intervention, son regard en définissent la perspective.
«Ce qui m’intéresse c’est le visage, lieu de désorientation; capter l’apparence des autres. Réaliser grâce à des techniques numériques complexes des clones, des modèles en 3D parfaitement réalistes à partir de visages humains. Attribuer à ces clones des modes de « vie » différents: l’un sera un portrait, deux autres se trouveront dans un lieu virtuel dans une improbable rencontre, au troisième on donnera des modèles de comportement qui lui permettront d’interagir en temps réel avec les visiteurs.
Ces portraits sont des sculptures virtuelles, des objets en 3D dont on peut modifier à volonté les différents paramètres. Le désir du corps des autres dont la technologie permet de s’approprier l’apparence. Avec l’utilisation des technologies numériques, le portrait change de nature il cesse d’être la référence ultime de l’identité. Le corps devient un artefact, un modèle manipulable à l’infini. Il n’est plus lié à un support chimique, argentique ou magnétique, mais dorénavant susceptible de toutes les transformations. Il n’est plus trace, attestant de « ça a été », au sens où l’entend Roland Barthes, mais devenir.» Catherine Ikam