Unfolding

« Unfolding » nous propose de découvrir trois approches artistiques bien distinctes, qui s’articulent autour de la notion de déploiement, de déroulement. Tandis que Julien Minangos et Romain Boulay choisissent de rester dans une analyse plus terre à terre du terme, Anne Sophie Bosc et Géraldine Kouzan prennent le parti de s’en éloigner et se tournent vers un sens plus abstrait.

Anne Sophie Bosc et Géraldine Kouzan travaillent autour de la question de la migration dans le monde. Leur première collaboration, Unfolding – Taipei montre les différentes facettes de la question, pour en évoquer la complexité.

Elles poursuivent ici une forme artistique mariant l’informatif et le narratif, le documentaire et le poétique. Leur installation propose de nous faire découvrir les populations de Taipei tout en invitant à réfléchir à l’universalité de leur situation. Elles ont recueilli les témoignages d’une dizaine de migrants qui vivent et travaillent à Tapei. A travers une installation vidéo, chacun dévoile son histoire personnelle et son ressenti du lieu.

Elles créent ainsi un espace entre réalité documentaire et fiction, pour donner forme à l’incertitude.

En contraste avec l’univers fictionnel et lointain de cette proposition, Romain Boulay et Julien Mijangos nous ramènent, quant à eux, à l’espace immédiat de La BF15 à travers une série d’interventions in situ.

Julien Mijangos dynamise l’architecture en y introduisant ses Formes déduites autour d’un axe et Romain Boulay intervient sur l’espace en le dédoublant par ses Tentatives de destruction du White Cube.

Dépliés, retournés, déstructurés, virtuels ou réels, les territoires de la ville et de l’exposition deviennent, pour ceux qui l’investissent, ceux des possibles.

Le travail de Romain Boulay éveille notre conscience à travers l’expérience de formes et de gestes élémentaires, il nous engage dans une approche phénoménologique comme le soulignent les titres de certaines de ses pièces.

Si son Å“uvre trouve son origine dans la matérialité de la peinture, elle investit plus largement les questions du support et de la spatialisation, dans un dialogue permanent avec l’architecture. A La BF15, avec ses Tentatives de destruction du White Cube, il instaure une tension dans l’espace d’exposition.

Il s’agit plutôt pour lui d’opérer un déplacement du bidimensionnelle vers les trois dimensions. Ce n’est en effet pas vers l’objet que tend sa pratique (même si des œuvres comme A4 et Lignes (2005) s’inspirent de l’approche minimaliste de Donald Judd, version peinture), mais bien vers une compréhension et une exploration du tableau en tant que volume et lieu qu’habite le regard. On peut citer notamment le cas de ses Peintures immatérielles. Plus récemment, l’artiste sollicite le corps des spectateurs dans ses sculptures-installations et ses déploiements architecturaux.

Chez Julien Mijangos, l’espace d’exposition n’est pas le simple cadre de l’Å“uvre mais il est la condition même de sa formation. La forme d’une Å“uvre et d’une exposition se rencontrent dans ses interventions sculpturales, réactualisées en fonction de l’échelle du lieu investi. C’est autour de l’axe de ses Formes déduites, et au centre de l’espace de La BF15, que s’active une dynamique entre les Å“uvres et les spectateurs.

Commissariat
Perrine Lacroix

Vernissage
Jeudi 30 janvier 2014 à 18h