Anne-Sophie Emard
Une vague lueur pourpre
La Galerie Claire Gastaud accueille une exposition des œuvres récentes de l’artiste photographe et vidéaste Anne-Sophie Emard. Cette exposition, programmée dans le cadre du festival Vidéoformes, réunit une quinzaine d’œuvres: caissons lumineux et vidéo.
L’expression «Une vague lueur pourpre» apparaît pour la première fois dans l’introduction du roman de Stanislas Lem dont s’est inspiré le film d’Andreï Tarkovski, Solaris. Le héros du livre traverse plusieurs galaxies reliant la terre à la planète Solaris, voyage à la vitesse de la lumière où il ne perçoit des étoiles fuyantes à travers le hublot de son appareil, qu’une vague lueur pourpre. Il suffit de taper ces quelques mots dans un moteur de recherche sur internet pour prendre conscience de l’existence de cette phrase à travers la littérature. Elle apparaît à plusieurs reprises au cÅ“ur de nombreux romans, tel un fil conducteur d’une lumière traversante que nous serions susceptibles de rencontrer à un moment ou à un autre.
Le caractère lumineux des Å“uvres d’Anne-Sophie Emard nous renvoie à l’image cinématographique. L’artiste renforce cette idée par l’utilisation du split screen, effet cinématographique consistant à diviser l’écran en deux parties. Ainsi, elle mêle des images d’origine et de texture distinctes: ses prises de vues photographiques (des lieux, des paysages dans lesquels la lumière souvent retouchée apporte une étrangeté) auxquelles elle associe des captures d’arrêt sur image de films de cinéma (des personnages). Deux matières radicalement différentes qui s’épousent au sein d’une matière commune à l’image, de strates géologiques qui s’emmêlent pour ne former qu’un seul bloc. Khari associe un paysage de Bretagne et une image du film Solaris d’Andreï Tarkovski; Istvan mêle une vue du Puy Mary et le recadrage d’un plan du film La comtesse de Julie Delpy.
«Chacune de mes images propose une imbrication, mélange plusieurs origines (géographiques, cinématographiques, personnelles) à tel point qu’il n’est plus possible de décrire objectivement les images qui se trouvent sous nos yeux. Les paysages deviennent des personnages chacun d’entre eux porte le prénom d’un personnage de film. Toutes les figures humaines représentées, sont des fragments de corps et/ou de voix dispersés dans l’espace comme un puzzle inachevé.»