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Une robe d’empathie profonde

22 Jan - 14 Mar 2015
Vernissage le 22 Jan 2015

Travaillant au Burkina Faso avec des artisans bronziers, Jean-Marie Perdrix a développé une technique particulière amalgamant os, cendres, charbon et bronze. Ses modèles sont des têtes de chevaux ou des morceaux de chien coupé, qu’il travaille avec cette méthode bien à lui et qui rend le résultat très aléatoire mais d’une grande richesse de texture.

Mimosa Echard, Jean-Marie Perdrix
Une robe d’empathie profonde

Jean-Marie Perdrix travaille au Burkina Faso avec des artisans bronziers qui sont ses partenaires depuis 20 ans. Avec eux, il a développé un procédé de recyclage des déchets plastiques en un substitut du bois permettant une collecte des déchets. Ils ont gagné un premier prix d’innovation à Bamako et ils ont construit un atelier qui est pérennisé.

Pour faire ses «bronzes à la chair perdue», il prend comme modèle la tête d’un cheval avec ou sans cou ou un chien coupé. La carcasse est sur modelée en argile mixée avec du crottin selon la technique locale pour réaliser un moule. Celui ci est cuit jusqu’à ce que les os soient réduits en cendre.

Jean-Marie Perdrix fabrique ainsi une céramique qu’il remplit à nouveau de charbon et pulse de l’air, reproduisant le creuset initial. Il mélange son bronze en fusion dans le charbon et dans les os. Tout cela, comme si il avait rassemblé en une fois les étapes de fabrication d’un bronze traditionnel. L’amalgame os–cendres-charbon-bronze, qui est le résultat, lui permet d’alléger l’ensemble.

Le bronze doit trouver son propre chemin dans le mélange entre la cendre et les escarbilles. Ce qui fait que l’artiste ne peut pas prévoir quelle image il obtiendra en démoulant.

Le cheval est aussi l’emblème national du pays et manger sa viande est tabou. Il y a un seul boucher à Ouagadougou qui tue cet animal. La tête n’a pas de valeur mais elle est parfois utilisée par des féticheurs. Quant au chien, il plus facile d’en trouver car il existe là-bas tout un circuit informel où les chiens sont dépecés cuisinés et mangés, accompagnés de la bière de mil locale.

Dans ces pièces, la qualité du bronze est à peu près au niveau zéro, parce qu’elles sont l’envers de ce qu’on cherche à faire traditionnellement avec ce matériau. Le bronze, qui est plutôt un alliage cuivre zinc non défini, n’est pas là pour donner un surplus de valeur marchande à la pièce. Ce qu’on obtient est d’une grande richesse de texture par un procédé direct et assez brutal et c’est cet aspect extérieur baroque qui plaît beaucoup à Jean-Marie Perdrix.

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