Alain Bublex
Une nuit sans sommeil
Alain Bublex – Une nuit sans sommeil par Emmanuel Latreille
L’exposition qu’Alain Bublex propose cet été dans l’espace du Frac Languedoc – Roussillon s’apparente à un dispositif de (et en) «construction». Si y figurent bien des Å“uvres classiques (photographies encadrées, trois images modifiées de la série «Plug-in City (2000)» notamment), on y trouve aussi des structures architecturales (portiques, cloisons…), des éléments mobiliers (plateaux – bureaux, panneaux…), des volumes géométriques faisant référence aussi bien aux jeux de construction d’enfant qu’à l’abstraction moderniste, des éclairages de chantier ou des réglettes néon, et même une moto en partie démontée, rappelant incidemment que cet espace d’exposition était, avant sa rénovation architecturale en 1998… un garage automobile! Une série d’images photographiques sera collée directement au mur, jouant avec les dimensions de l’espace et créant des effets d’illusion avec les ouvertures réelles. La «fiction du lieu» sera l’un des enjeux d’«Une nuit sans sommeil», fiction prenant en compte tous les éléments qui constituent sa situation particulière, mais aussi, de façon plus implicite, tout le protocole de production d’une exposition contemporaine considérée comme une Å“uvre ouverte.
«L’idée est que le travail est un espace dans lequel la fabrication des objets, les objets eux-mêmes et les expositions, entrent tous en cohérence avec un niveau égal d’importance, chaque élément, depuis la production jusqu’au moment de l’exposition, produisant du sens avec un niveau égal de lisibilité.»
Alain Bublex
L’exposition est plurielle, une diversité d’expositions coexistant les unes avec les autres: un feuilletage de «représentations», mais aussi une superposition de niveaux de formations (de la forme simple d’inspiration géométrique à la complexité d’un engin motorisé…), une juxtaposition d’objets aux significations différentes, que le «travail» artistique vise à déhiérarchiser, à mettre sur le même plan.
Et si l’art est bien pour Bublex un «travail», c’est que son espace s’apparente bien à celui d’un chantier, dans lequel la fabrique de l’œuvre – exposition est une élaboration potentiellement indéfinie, même si elle se livre dans un état arrêté. Une nuit sans sommeil s’inscrit de fait dans la longue histoire moderne de l’exposition considérée comme un «collage», l’espace de la galerie étant investi d’éléments intégrant ses différentes fonctions ou dimensions.
Mais au lieu d’un collage dense, la proposition d’Alain Bublex vise au contraire à juxtaposer les morceaux de son «puzzle» de manière très lisible, comme il l’indique lui – même. Cela veut dire que les objets ou Å“uvres dialoguent entre eux, mais ne sont pas confondus les uns avec les autres: ils décrivent plutôt une syntaxe utilisable par le spectateur qui l’investit, claire comme une boîte à outils parfaitement rangée. Deux des photographies récentes de la série «Plug-in City (2000)» sont produites à partir d’images du chantier de la nouvelle gare Saint – Roch, située à quelques centaines de mètres de la galerie du Frac. Leur exposition renverra de manière non littérale à l’expérience de la «construction» dont le travail artistique rend compte à sa manière, en mêlant ses objets propres et ceux des autres corps de métier. Dès l’origine, dans sa réflexion sur la photographie, le travail d’Alain Bublex s’est efforcé d’entrer en résonnance avec l’espace social, et cette proposition audacieuse et légère sera une nouvelle étape du work in progress qu’il enrichit encore pour rendre cette utopie possible.
Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par ——— sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.
critique
Une nuit sans sommeil