Christian Rizzo est aujourd’hui un nom incontournable de la danse contemporaine, bien qu’il ait touché à plusieurs autres disciplines, tels que les arts plastiques, la mode, la musique ou le cinéma. Actuel directeur du Centre chorégraphique national de Montpellier, il y a produit en 2019 une pièce intitulée Une maison, qui arrive au Palais de Chaillot.
La construction d’une maison et d’une maisonnée
Suspendue au-dessus de la scène, se trouve une vaste structure faites de tubes en néon, reliés les uns aux autres, telle une toile d’araignée chaotique. Elle surplombe le plateau comme le toit d’une maison, dont l’ombre reflétée sur le sol délimiterait différentes pièces. Une pile de sable disposée en-dessous laisse imaginer que des travaux sont en cours. Bientôt, quatorze danseurs viendront l’étaler sur l’entièreté de la scène, dans un commun effort de construction.
Ce faisant, ils construisent non seulement une maison, mais aussi une maisonnée ; non seulement un édifice mais un collectif. Pour le chorégraphe Christian Rizzo, une maison peut être un système de pensée, « un espace mental », des gens que quelque chose uni. Le spectacle comprend ainsi des chorégraphies d’ensemble, où la multitude s’affaire. Mais il intègre également des duos et des solos pour représenter les moments solitaires et intimes durant lesquels les individus s’extraient du groupe, sans pour autant cesser de faire partie de la maison et de la maisonnée.
Une maison : un puzzle domestique
« J’ai le désir de sortir de ce rapport contenu/contenant, la communauté et les murs. Il était important que la communauté et son cadre apparaissent ensemble », explique Christian Rizzo. Même lorsqu’ils dansent seuls, les interprètes gardent un lien constant avec la maison et la maisonnée, avec l’espace et le groupe dont ils font partie. Le rôle de la structure présente sur scène est ainsi de rendre visible l’absence : on associe tout au long du spectacle tel danseur à tel espace fragmenté du sol, on sent donc une absence lorsqu’il ne s’y trouve pas, et l’on attend son retour. A l’inverse, quand tous les danseurs prennent leur place, ils sont autant de pièces d’un puzzle domestique qui prend forme sous les yeux du spectateur.