Agence, Daniel Boyd, Peggy Buth, Jimmie Durham, Kiluanji Kia Henda, Camille Henrot, Patrizio di Massimo, Uriel Orlow, Francis Upritchard, Françoise Vergès, Susan Vogel
Une légende en cache une autre
«Quand les hommes sont morts, ils entrent dans l’histoire. Quand les statues sont mortes, elles entrent dans l’art. Cette botanique de la mort, c’est ce que nous appelons la culture.» Chris Marker et Alain Resnais, Les statues meurent aussi, 1953.
Le 9 mai dernier, la tête de guerrier maori entrée dans les collections du Muséum d’Histoire Naturelle de Rouen en 1875 a été définitivement remise à son peuple lors d’une cérémonie traditionnelle. Il s’agit de la première tête maori conservée dans les collections françaises à regagner sa terre ancestrale, la Nouvelle-Zélande, et y être inhumée selon les rites coutumiers. Il aura fallu plus de cinq années de débats éthiques, scientifiques, politiques et juridiques pour arriver à cet accord.
Prenant cette actualité comme point de départ, Une légende en cache une autre propose d’explorer les questions posées par les affaires de restitution – sujet qui aujourd’hui figure au coeur de l’actualité muséologique – et de problématiser le déplacement entre objet traditionnel et de culte, d’une part, et objet historique et muséologique, d’autre part. Un objet peut-il avoir plusieurs statuts ? Qui a la légitimité pour prendre cette décision ? Existe-t-il d’autres récits possibles pour accéder à la lecture de ces objets ? Une déconstruction critique de ces questions permettra de rendre visible et lisible qu’une légende sur un cartel d’exposition en cache souvent une autre.
Ayant pour ambition d’élargir le contrechamp de l’histoire officielle en rendant compte d’autres narratives, écrites à plusieurs mains et suivant différentes méthodologies, Une légende en cache une autre initie une rencontre entre oeuvres, documents ethnographiques et juridiques, films et projets muséographiques. Documentant des situations réelles, ayant recours à la fiction ou encore radicalisant le rapport au patrimoine, les artistes, chercheurs et plate-formes invités sont tous engagés dans des démarches réflexives portant sur l’objet muséologique et défiant la représentation ethnographique.