L’exposition « Une Journée de Coïncidences ed.4 » est un parcours à ciel ouvert qui sera visible pendant un an. Dix-sept artistes contemporains ont imaginé des œuvres qui n’existent pas physiquement dans l’espace public mais sont présentes virtuellement grâce à un système de réalité augmentée dans le 20e arrondissement de Paris, dans le quartier rue des Haies – Maraîchers.
Une exposition en réalité augmentée
Le grand succès du jeu Pokemon Go et l’engouement qu’il reflète pour la réalité virtuelle, alors que quelques années seulement nous séparent de sa démocratisation, ont inspiré la structure dédiée à l’art contemporain Plateforme pour a quatrième édition de son exposition itinérante « Une Journée de Coïncidences ». Muni d’un smartphone ou d’une tablette, on peut découvrir les œuvres d’art virtuelles disséminées dans le quartier, grâce à une application de visualisation 3D en réalité augmentée.
Sur le côté d’un immeuble, une gigantesque paire d’ailes de papillon bleues. Elles sont animées de mouvements plus proches de ceux d’une horlogerie que des battements d’ailes de véritables insectes. L’œuvre intitulée Turnover d’ailes, conçue par Éric Le Maire, reflètent ainsi une temporalité modifiée et ralentie, qui n’est pas celle du monde réelle.
Explorer la frontière entre monde matériel et immatériel
Devant l’ancien poste de police de Charonne se déploie la sculpture virtuelle Organised Labour (syndicalisme) d’Alan Warburton, spécialement réalisée pour l’exposition. Elle représente un groupe de manifestants chauves et nus, portant pancartes et banderole, le tout étant uniformément coloré en vert. L’œuvre explore les notions de visibilité et d’invisibilité et la façon dont le monde immatériel de la réalité augmentée peut être relié à celui, tangible, du paysage urbain. Les personnages occupent un espace frontière : à travers un écran, ils obstruent la vue du spectateur et existent pleinement dans sa perception de la rue mais en même temps, leur nature virtuelle permet aux piétons, voitures, motos et bus de les traverser. L’œuvre souligne ainsi la capacité du travail numérique à occulter sa propre production.
Ailleurs, une réalisation de l’artiste numérique Hugo Arcier poursuit sa remise en question de l’inaltérabilité du virtuel. Intitulé Memento Mori, cet autoportrait de l’artiste est peu à peu gangrené par un trou noir qui grandit jusqu’à le faire disparaître entièrement. La matière, qui est elle-même une non-matière puisque virtuelle, disparaît. L’altération et la mort, caractéristiques du monde organique sont transposées dans le monde synthétique, brouillant la frontière entre les deux.
La dématérialisation offre aux artistes la possibilité de créer des projets qui dépassent les limites matérielles, de s’inspirer de l’environnement urbain local pour se livrer à des détournements visuels et sémantiques.