ART | EXPO

Une heure

28 Août - 04 Oct 2003
Vernissage le 28 Août 2003

Les Highlands en Écosse: ses habitants (vidéos des visages de 8 employés d’une distillerie, filmés en gros plan fixe sans bouger pendant une heure), ses paysages (vidéo et photos), son histoire (photos, pièce sonore).

Philippe Bazin
Une heure

En été 2002, Philippe Bazin a été invité en Écosse, dans les Highlands, à une résidence d’artistes organisée par la compagnie William Grant & Sons Distillers. L’exposition présentée à la Galerie Anne Barrault à l’ambition de montrer les divers aspects du projet réalisé à cette occasion.

Immergée au fond d’une vallée, l’entreprise est en relation avec le monde entier. Cependant ses employés sont les habitants d’un petit village. Voulant continuer l’interrogation sur les visages des travailleurs ébauchée lors d’un travail précédent, Philippe Bazin a filmé en vidéo plan fixe pendant une heure huit employés de la compagnie. Chacun regarde l’objectif de la caméra fixement sans bouger ni parler.
Les films sont muets. Les visages sont filmés en gros plan. C’est à une véritable performance qu’étaient invités ces personnes qui gardent tout au long de l’heure qui passe leur dignité et leur quant à soi.

Ces gens sont aussi inclus dans un environnement physique, historico-politique et même littéraire. Ainsi la présentation de ces huit vidéos se fait-elle en regard des photographies de paysages de l’Ecosse sauvage du nord ouest (Western Landscapes), mais aussi en regard des paysages de bataille constitutifs du sentiment national écossais (Battle Landscapes) alors que se déroule pendant une heure une projection vidéo d’un paysage marin de l’Ile de Skye. Une bande son est audible en casque, résultant de la lecture par Philippe Bazin de toutes les répliques de Macbeth dans la pièce de Shakespeare, évoquant un personnage historique fait roi à quelques kilomètres de l’entreprise.
Ainsi c’est un véritable microcosme qui se déploie dans ce projet Une heure, microcosme dont les huit personnages de la compagnie sont les figures emblématiques, les figurants anonymes et silencieux, à la fois comme modèles d’une relation forte à la nature sauvage mais aussi inscrits dans une profonde généalogie historico-politique et économique non dénuées de falsifications littéraires.

Des visages muets face à l’autorité de l’entreprise héritière du capitalisme du 19e siècle, face à l’Histoire d’Ecosse et à la littérature qui la transforme: ici est convoqué tout l’univers dans lequel s’inscrit depuis le début le projet artistique de Philippe Bazin, dans sa relation aux institutions (aspects politique, économique et historique) et aux visages des gens (aspects humain et universel) qui y sont immergés. Le paysage, au même titre que la figure humaine, est envisagé non dans sa dimension romantique, mais dans celle d’une inscription politique et constitue un élément nouveau de ce projet artistique.

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