Communiqué de presse
Simon Willems
Une forme de disparition
Tout débute lorsque l’Allemand Gnädinger émigre à Camelle, petit village de pêcheurs au nord de l’Espagne, à la fin des années 1960. On dit qu’il y tomba amoureux d’une institutrice du village mais que celle-ci refusa ses avances ce qui le rendit fou. Quelques années plus tard, touché par les questions d’écologie, il se construisit une petite cabane sur la plage où il passa les quarante années suivantes. Il devint rapidement une curiosité locale, surnommé «O Alemán» en galicien (l’Allemand) puis simplement «Man» – nom qu’il accepta avec enthousiasme pour sa portée symbolique.
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Pendant toutes ces années, il élabora une Å“uvre considérable faite de sculptures à base de galets et de ce que lui offrait la plage; il en fit un musée à ciel ouvert dans le potager bio qu’il avait créé et qui était la base de son alimentation. Il n’avait ni électricité ni eau courante dans sa cabane et était un strict végétarien. Il faisait payer un droit d’entrée d’un euro aux touristes pour visiter son musée-jardin. L’univers de Gnädinger s’écroula lorsque la marée noire provoquée par le Prestige en 2002 défigura la côte nord de l’Espagne, détruisant par là -même la majeure partie de son jardin et de son contenu. On le retrouva sans vie peu après dans la maison qu’il s’était construite. Il est dit qu’il serait mort d’un immense chagrin et de dépression provoqués par la marée noire.
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L’intérêt que porte Willems à «O Aleman» ne s’arrête pas au choix de vie de Gnädinger mais il s’intéresse plus particulièrement à la façon dont il devint le triste symbole de la marée noire; les médias s’intéressèrent à cette célébrité locale et leur intrusion finit par altérer sa santé mentale, le menant à la mort. Willems a utilisé des photos de touristes pour en faire la thématique et le catalyseur de son projet. Ses peintures minuscules donnent à voir un terrain vague où les sculptures de Gnädinger reposent comme des reliques d’un autre monde.
Certaines idées sont des thèmes récurrents. Un des thèmes renvoyant à des travaux antérieurs est l’avion tirant une banderole publicitaire. Comme le ferait une publicité de marque, les banderoles énumèrent diverses références à l’histoire et à son contexte en galicien, qui rappellent le titre anglais. Les détritus laissés par les touristes ainsi que d’autres détails procèdent de la même logique, telle une métaphore omniprésente de la consommation de masse: la casquette de baseball abandonnée, le repas de fast-food à moitié consommé et la présence menaçante du goéland parasite.
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