Communiqué de presse
Jan Saudek
Une collection particulière
La galerie David Guiraud qui aime et soutient le travail du photographe mondialement connu, Jan Saudek, présente du samedi 7 mai au samedi 16 juillet 2011, une exposition de trente-cinq tirages d’époque signés du maître tchèque.
Cette exposition est possible grâce à la découverte d’une extraordinaire collection privée de plus de soixante tirages de l’artiste, parmi ses images les plus anciennes et parfois les plus méconnues. Après un travail de sélection, la galerie accrochera au mur environ trente-cinq oeuvres, mais tous les tirages seront visibles et disponibles dans les boîtes. Aujourd’hui, Jan Saudek ne réalise quasiment plus de photographies et reprend ses anciennes images qu’il tire en édition de trente ou cinquante exemplaires.
Les épreuves de l’exposition sont bien évidement toutes d’époque (ou «vintages»). Les oeuvres de Jan Saudek ont la particularité d’être uniques du fait des touches de couleur que le maître ajoute à la main sur chaque tirage. Mais ses premiers travaux des années 1970 sont exclusivement en noir et blanc et parfois moins connus que les images chatoyantes et exubérantes des années 80.
Né à Prague en 1935, Jan Saudek a tout affronté pour devenir photographe. Autodidacte, viscéralement indépendant, banni par les communistes, il a vaincu les normes morales et les règles sociales en vigueur pour exacerber sa passion. La photographie lui a permis de libérer ses indignations, ses appétits, ses frénésies et diverses émotions. Pour lui, elle est un cri du sexe, de la tête et du cœur.
Ce qui intéresse Saudek, en tant qu’auteur, metteur en scène, maquilleur et quelquefois décorateur, c’est l’être humain, et les relations humaines. Qu’il «travaille» simplement en noir et blanc ou qu’il colorie ses tirages à la main, son pouvoir de transformation du monde réel — un monde de duperie, de tromperie — permet qu’opère le miracle de l’art. Il crée des fictions théâtralisées pour dire sa vérité, et pour la rendre intemporelle.
Grâce à l’humour, à l’ironie, au kitsch et à la force toujours renouvelée du désir, il instaure une vision caractérisée autant par sa ferveur que par son esthétique et sa cohérence. Obsédé par le temps, par le vieillissement, par la perte de la beauté, Saudek se met à nu jusqu’à ce que saigne son for intérieur.
Lucide, impulsif, excessif, il a infusé son âme dans ses œuvres qui traduisent l’impossibilité du bonheur dans le huis clos de la famille humaine.
Créateur underground longtemps condamné à la marginalité par les autorités, politiques et autres, Saudek est désormais reconnu non seulement comme un monstre sacré emblématique du défi tchèque, mais comme un artiste à part entière qui a sa place dans l’histoire appréciée de la photographie.
Ses premières photographies sont des clichés en noir et blanc et ce n’est que par la suite qu’il les métamorphosera en les coloriant manuellement.
Jan Saudek puise son inspiration dans le travail de l’illustrateur Alfons Mucha ou dans celui du photographe Frantisek Drtikol avec qui il partage son obsession pour les femmes. Dans les photographies de Saudek, les modèles sont mis en scène pour illustrer la puissance corporelle et la sensualité exacerbée du corps féminin. Il y a de ce fait peu de représentations masculines dans son œuvre sinon pour exprimer la paternité, une virile fraternité ou un attachement réciproque.
C’est à partir de la fin des années soixante dix que Jan Saudek commence à repeindre à la main ses photographies pour les rendre plus oniriques. C’est ainsi qu’il ajoute un maquillage, accentue un trait physique, transforme un vêtement ou théâtralise un décor. Ces ajouts confèrent une autre dimension aux prises de vue, les rendent moins réalistes, les détachent du présent et augmentent leur charge poétique, voire fantastique.
La plupart de ses clichés ont une dimension provocatrice, ce qui lui attire les foudres du gouvernement tchèque indigné par son obscénité. Il n’a d’autre solution que de travailler dans l’illégalité — et d’antidater ses œuvres — jusqu’en 1984, date à laquelle il obtient une carte d’adhérent au Fond des artistes plasticiens tchèques. Son travail ainsi reconnu, il poursuit sa production avec plus de liberté, mais peut-être, à partir des années 1990, avec moins de fougue et d’imagination.
Vernissage
Samedi 7 mai. 18h.