ART | EXPO

Une beauté convulsive

10 Juin - 23 Juil 2011
Vernissage le 09 Juin 2011

L'oeuvre de Carlo Zinelli représente une véritable révolution formelle: tour à tour l’itération, la dislocation, le dédoublement, l’atrophie, la stylisation, l’absence de perspective, et puis la couleur, la couleur donnant aux silhouettes une densité palpable, tout ceci confère aux compositions un rythme d’une modernité effrénée.

Carlo Zinelli
Une beauté convulsive

À la fin des années 50, Dino Buzzati puis Alberto Moravia prenaient la plume pour signaler au monde le grand créateur qui venait de se révéler dans l’enceinte de l’asile San Giacomo à Vérone.

Carlo Zinelli commençait tout juste à peindre sur papier ce qu’il avait ébauché plus tôt en lacérant les murs de l’établissement avec des pierres et des morceaux de brique. Né en 1916, il a commencé par travailler à la ferme puis aux abattoirs. Volontiers solitaire, il se distinguait alors par son dandysme, son goût pour le dessin et la musique, avant que la guerre, qu’il fit comme chasseur alpin, n’exacerba sa schizophrénie. Son oeuvre — sorte de conte autobiographique qui mêle ces épisodes ayant précédé l’internement — représente une véritable révolution formelle: tour à tour l’itération, la dislocation, le dédoublement, l’atrophie, la stylisation, l’absence de perspective, les variations de plan et d’échelle, l’écriture dans les interstices qui bat comme un pouls, et puis la couleur, la couleur donnant aux silhouettes une densité palpable, tout ceci confère à la composition un rythme d’une modernité effrénée.

Ceux qui l’entouraient disent de lui qu’il n’avait ni l’intention, ni la conscience de produire une oeuvre, et ce bien qu’à sa mort, en 1974, on estima à trois mille le nombre de ses dessins — la plupart recto-verso — mais dont seul un tiers a été retrouvé. Jean Dubuffet et André Breton en ont, sans en percer les arcanes, admiré la beauté qui, comme l’affirmait ce dernier, «sera convulsive, ou ne sera pas».

critique

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