A travers un choix d’œuvres effectué par le collectionneur Bill Cournoyer parmi des «peintures qui exigent des engagements simultanés et parfois contradictoires entre le concept et l’esthétique», donc soumises à une certaine «pression», la galerie Art:Concept entend faire souffler un «vent de rébellion» sur la peinture.
Diverses démarches se superposent ici, à l’écart cependant de celle de la peinture figurative. Peinture abstraite et «peinture conceptuelle» juxtaposées posent la question de l’esthétique, qui serait, par définition, périphérique aux enjeux de l’art conceptuel. Ainsi de l’œuvre de Joey Bradley, Untitled (Wreck), trois planches bleu-blanc-rouge posées à même le sol, dont la valeur picturale est réduite au profit de celle d’objet symbolique détourné, et donc de concept.
D’autres œuvres, quant à elles, revendiquent la beauté du geste artistique unique et l’héritage de la peinture abstraite, de Pollock à Zao Wou-ki. Untitled de Josh Smith, profonde et tragique tache noire étalée sur la toile blanche, dialogue avec le diptyque Twelve de Jenny Monick, œuvre élégante, suggestive et aérienne. Untitled, de Jacqueline Humphries, retrouve les accords torturés de la peinture abstraite des années 60. Ici, avant d’être une idée, la peinture est formes et couleurs assemblées.
Certaines artistes parviennent à mêler esthétique et concept : l’œuvre de Sean Paul, un tableau blanc bordé d’un trait tracé à la bombe noire débordant sur la cimaise, possède non seulement un intérêt conceptuel, celui du thème de la peinture hors-cadre, envahissant le réel même, mais aussi une valeur purement esthétique, par le contraste noir et blanc.
D’autres, tel Adam McEwen, qui présente une toile peinte phosphorescente criblée de chewing-gums, Cracked Phosphor Bomber, tentent de substituer au concept le clin d’œil, sans parvenir réellement au «vent de rébellion» souhaité.