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Under My Skin

A l’image de la vidéo-artistique qui voudrait bien s’extraire des codes de la représentation sans pour autant renoncer à ce qui en fait sa force — la catharsis —, les artistes de l’exposition «Under My Skin» dénoncent les souffrances hypocrites de notre monde tout en succombant eux-mêmes à ses émanations morbides. Se contentant de mettre en scène les rêves charnels qui les hantent, ils sont, pour le dire vite, la conscience malheureuse de leur temps : ni tout à fait soumise, ni vraiment critique, les oeuvres qu’ils produisent sont le fruit d’une seule et même chair déchue; chair encapsulée dans un monde de fantasmes où le plaisir s’échange comme n’importe quelle autre marchandise.

Rien d’étonnant alors que ce soit le corps de la femme qui constitue le terrain privilégié de leurs méditations. Mais qui est cette femme qu’ils nous présentent? Est-ce la femme libre dont rêvait Simone de Beauvoir ou bien plutôt le spectre d’une Marilyn qui ne supporterait plus d’être livrée aux mains perverses des médias ?
Bimbo doublée d’une duègne, l’image de la femme se scinde ici en deux désirs contradictoires : revendiquant d’un côté son droit à vivre par-delà les formes convenues qu’on lui impose, la femme moderne succombe de l’autre à la tentation de croire qu’il lui serait possible de les reprendre à son compte sans en subir les plus tristes conséquences. Mais ce jeu est un jeu de dupe où qui perd gagne.

Au coeur du mensonge qui l’agite, la femme moderne semble donc avoir oublié que l’esprit seul — la commande d’or dont parle Platon (Lois, I, 644c-645a) — peut l’affranchir du joug que la société impose à son sexe.
Comme l’écrit si bien le poète Ossip Mandelstam parlant des artistes joyeux dont l’art réforme le monde sans le subir : «Les habitants de ce paradis marchent en s’entretenant des délices spirituels. Ici, il n’est plus parlé de bien et de mal, ni d’énigme sur le Labyrinthe de Satan ; ils conversent avec les réalités éternelles telles que dans l’imagination humaines elles existent» (De la poésie, Pouchkine et Scriabine).

Ainsi, loin de s’élever au-dessus des pièges qu’elles dénoncent, les vidéos de l’exposition  «Under My Skin» se contentent d’entériner un état de fait. Elles sont les symptômes d’une société schizophrène qui préfère en rester au stade de la critique plutôt que de se risquer à mettre en oeuvre les conclusions auxquelles elle est parvenue. Et pourtant, de cette mise en pratique dépend la vraie liberté et la joyeuse insouciance de la femme  – et de l’homme aussi, bien évidemment.  

Chloé Tallot
— Her Dance, 2007. France. Boucle vidéo.

Corine Stuebi
— Motion Accident Sculpture, 2007. Suisse. 8 minutes.

Stefan Ringelschwandtner
— Pro Radii, 2006. Allemagne. 2 minutes 45.
— Zwischen Sehrinde und Mandelkern, 2007. Allemagne. 4 minutes.

Elodie Pong
— Je suis une bombe, 2006. Suisse. 6 minutes 12.
— No No No, 2007. 1minute 24. Boucle video.

Miklos Dudas
— Lamb, 2004. Hongrie. 7 minutes. Super8.

Marianne Maric
— Charlene – Elli
— Filles Lampes

Yann Gonzalez
— By the kiss, 2006. France. 5 minutes.

Hendrick Dusollier
— Face, 2007. France. 5 minutes. Installation stéréoscopique   

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