Regina Virserius
Una cosa mentale
«En déclarant que «la pittura è mentale», Léonard de Vinci visait à consolider la place de la peinture parmi l’aristocratie des arts libéraux, en rupture avec la tradition artisanale. […]
Sortie de son contexte, la remarque de Vinci est aujourd’hui devenue très souvent un cliché, une sorte de slogan pour des approches dites «conceptuelles» de l’art. En s’y référant à son tour, Regina Virserius a également voulu mettre en avant la dimension du concept.
«Mentales», ces chaises fantomatiques à coup sûr le sont. Se détachant à peine de l’ombre qui les entoure, ou bien, au contraire, irradiées de lumière, elles font à première vue douter de leur réalité concrète. Pourtant, un regard plus attentif révèle une matière riche et dense, proprement picturale. Dans un étonnant jeu de miroir, certains des tirages évoquent quelque chose des toiles d’inspiration photographique de Gerhard Richter.
De fait, l’œil en parcourant la surface de ces superbes impressions pigmentaires ne cesse d’hésiter entre peinture et photographie. Ce va-et-vient inscrit paradoxalement les images de Regina Virserius dans la double lignée de l’abstraction et du trompe-l’œil.