Guillaume Pinard
Un trou dans le décor
«Ainsi, très tôt, ai-je commencé à considérer les œuvres d’art comme des portes et je peux affirmer que c’est à leurs seuils que je cherche encore à me tenir.»(Guillaume Pinard)
Guillaume Pinard est un observateur averti de l’art et des artefacts culturels dont il scrute les occurrences et les significations cachées. S’il se définit volontiers comme un dessinateur, il compose également avec de nombreux médiums comme la peinture, la sculpture ou encore l’animation vidéo et explore des styles très éclectiques. Depuis une dizaine d’années, il s’approprie des œuvres du passé par un travail de copiste et se projette dans le futur à travers des fictions illustrées.
Son exposition au Quartier est pensée parallèlement à la sortie de son livre, Amor, un album dystopique et déjanté qui s’inspire d’un fait divers de vandalisme pour explorer les effets pervers de la patrimonialisation, ou comment l’art s’est peu à peu dissout dans l’industrie culturelle.
Pour son exposition «Un trou dans le décor», Guillaume Pinard choisit de déambuler dans le musée des beaux-arts de Quimper en quête d’œuvres ou de signes qui arrêtent son regard. Il y retrouve ainsi la réplique d’une statue antique de lutteurs dont il côtoie régulièrement un exemplaire dans le jardin de l’école des beaux-arts de Rennes. Sortie de son écrin muséal et photographiée sous quatre angles différents, la sculpture s’affirme comme phénomène temporel et dans une relation au regard nécessairement fragmentaire.
Au musée, Guillaume Pinard découvre également La Chute des Damnés par Charles-Emmanuel Biset, dont la composition le laisse perplexe… Il comprend alors qu’il s’agit d’un détail d’une œuvre de Rubens mais involontairement renversé. Au Quartier, l’artiste recouvre les murs de ces figures agrandies transposées au fusain et souligne ainsi le caractère fragile et mouvant de l’œuvre.
Guillaume Pinard compose également avec d’autres sources issues de l’histoire de l’art ou des médias. Des reproductions représentant des corps fragmentés ou mutilés, dont les histoires ont été peu à peu oubliées, prennent place dans l’exposition et sont agencées à des formes issues du répertoire de l’artiste ou à des objets trouvés. Les frises de la colonne Trajan côtoient ainsi un buste de sanglier sculpté et des extraits de vidéo trouvés sur Internet… En archéologue du présent, l’artiste quête les survivances du passé.
L’exposition construit un monde parallèle peuplé de personnages historiques ou mythologiques qui se font écho et qui invitent les visiteurs à spéculer sur la manière dont leurs présences agissent sur les vivants.