Sarah Mei Herman, Arno Brignon, Ana Galan
Un peu, beaucoup… la vie!
Sarah Mei Herman développe un travail de portraitiste. Mais sachant qu’il est vain de croire qu’une seule image serait capable de résumer une personne en figeant sa supposée meilleure expression, elle photographie ses modèles à intervalles sur de longues périodes. Ces corpus montrant les évolutions physiques, les changements de goûts vestimentaires, ont pour objectif de traduire au mieux la personnalité des hommes ou des femmes qui se sont confiées à elle. Ainsi, depuis 2005, elle photographie son père et son jeune frère, séparément ou ensemble, elle nous parle de la relation complexe qui existe entre ces deux êtres. Son corpus révèle les attentes de l’un et les moments d’interrogations de l’autre, les gestes d’attachement profond comme les instants flottants.
Dans Joséphine, Arno Brignon s’interroge sur la possibilité de faire œuvre avec ce moment, si fort, mais si banal au fond, de son existence de papa, de photographe. En tant qu’artiste, il a conscience qu’on ne fait pas bonne photographie sans maintenir ses émotions à bonne distance focale. Il réussit à traduire photographiquement cette question de la place du père, beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît. C’est pourquoi le flou ici, qu’il soit de mise au point, de bougé, ou de matière, n‘a rien d’un effet esthétique gratuit .Il dit fortement ce trouble qui s’empare du géniteur quand il se trouve confronté à la présence, au regard de ce qu’il a participé à mettre au monde. Les décadrages, les basculements de champ, les regards qui coulissent de Joséphine, aux présences et objets qui l’entourent, du centre vers la périphérie, du dehors vers le dedans disent bien cette forme d’inquiétude du père et que le photographe traduit en une sorte d’errance visuelle. Quant aux couleurs de cet album, nous sommes très loin des doux pastels qui, du bleu au rose, nous bercent d’illusions. Les oppositions sont violentes, passant du vert au jaune, de l’orange au mauve, et de ces rouges qui font tâches jusque dans l’eau du bain. (D’après un texte de Dominique Roux, extraits)
Ana Galan nous présente, quant à elle, une série photo mettant en scène des couples d’un certain âge, gens peu visibles qui n’ont pas renoncé pour autant à vivre pleinement. Ils ont été photographiés dans des thés dansants organisés dans leur ville ou leur village. L’ambition de l’artiste est de redonner de la visibilité à ces personnes et de documenter dans le même temps, la diversité culturelle entre différentes villes et différents pays. En saisissant l’intensité des regards échangés, elle témoigne également de l’affection qui s’ancre chez deux personnes au cours du temps qui passe.
«J’ai commencé la série à Guadalajara, en Espagne, dans l’idée de réaliser de nouvelles séries de dix couples dans différentes villes du monde. J’ai réalisée la deuxième série de Viv(r)e la Vie! dans la ville américaine de Philadelphie, la troisième en Finlande en juin 2012 et, la quatrième série a été fait en Philippines en novembre 2012. Ce projet est une ode à la vie. À vivre la vie pleinement, aux personnes d’âge mûr qui restent actives.»