Communiqué de presse
Hans Walter Müller
Un paysage habitable
Hans Walter Müller vit et travaille sur un terrain qui ne lui appartient pas, qu’il ne loue pas, mais qu’il pratique depuis trente cinq ans dans une relation quotidienne avec l’aérodrome de Cerny dans le département de l’Essonne en France. La structure gonflable qu’il a conçue pour organiser sa vie et son travail avec sa femme Marie-France respire et croît comme un organisme en évolution constante au cœur d’un sous bois naturel. Le gonflable est une membrane qui structure le déploiement tridimensionnel des aménagements domestiques et professionnels du couple. Les subdivisions de la maison traditionnelle sont remplacées par la création d’un Paysage habitable* qui associe travail et plaisir, intérieur et extérieur dans des séquences infinies d’expériences.
L’idée du Paysage habitable selon Hans Walter Müller c’est de privilégier l’espace et c’est de concevoir son aménagement en fonction du son et de l’image, de la sonorisation et de la projection, pour qu’il se renouvelle continuellement. Cavités, reliefs, passages, couloirs et promontoires dessinent une géographie sensuelle qui associe l’échelle humaine aux dimensions de la nature. Si l’air remplace la pierre dans l’architecture de Hans Walter Müller, c’est pour que l’imagination circule sans fin et ne se fige pas dans les murs et les cloisons d’un projet dont les usages auraient été prévus à l’avance. Si le recyclage des fluides remplace la gestion des déchets solides, c’est pour que l’agencement soit programmé dans le mouvement du processus d’un objet non fini, rythmé par l’aventure d’une expérience propre à ses usagers.
Le «Paysage habitable» développé par Hans Walter Müller sur le parvis du centre d’art contemporain de Brétigny se déploie comme une grille infinie qui serait posée dans l’axe du carrefour des flux des usagers d’une parcelle urbaine sur laquelle, pour reprendre les termes utilisés par François Roche, se nouent simultanément plusieurs réalités. Celle d’un centre d’art, d’un lieu culturel, d’un lycée général et professionnel qui lui fait face, celle des habitants et des passants et qui forment par leur convergence sur ce site le principe d’une réalité augmentée. La structure modulaire tridimensionnelle d’exposition de Hans Walter Müller propose de matérialiser la géométrie variable de cette trame de réalités laissée à son stade virtuel en associant les compétences artistiques du centre d’art et celles techniques du lycée. Il révèle ainsi la géographie des liens sur ce fragment urbain, les cultive, par des lignes, des niveaux horizontaux et verticaux, des nœuds de liaisons, des fibres, des articulations qui conjuguent les principes de réalité propres à chaque usager.
L’exposition Projet Phalanstère, au cours de laquelle se déroule la collaboration entre l’architecte et le lycée, revient en réactualisant l’utopie concrète de Charles Fourrier sur un des fondements littéraires de la modernité qui a contribué à transformer le principe de réalité. Que ce soit une réalisation au bénéfice d’une communauté ou à l’échelle du foyer et de l’atelier (le gonflable à Cerny), chez Hans Walter Müller, les espaces naturels, domestiques, publics et professionnels se segmentent sans se cloisonner. Ils sont irrigués par différentes réalités au profit de la création d’un Paysage habitable, dont les usages ne sont pas prévus à l’avance mais se définissent dans le mouvement d’un processus sans fin.