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Un ours mal léché dans mon jardin

19 Mar - 30 Avr 2010
Vernissage le 30 Nov -0001

Yu Matsuoka rappelle que le dessin, à la manière du calligraphe, se trace sans repentir possible tandis que la peinture permet toutes les reprises. L’artiste compare le dessin à la couture et la peinture au tricot. Ne dit-on pas «reprise» sur un tableau, comme on reprise un tricot?

Communiqué de presse
Yu Matsuoka
Un ours mal léché dans mon jardin

Yu Matsuoka est une peintre japonaise installée depuis sept ans en France, où elle a étudié aux Beaux-Arts de Paris après avoir terminé sa formation aux Beaux-Arts de Kyoto.

Pour sa nouvelle exposition à la galerie Exprmntl, Yu Matsuoka montre un ensemble de peintures de moyen et de grand format dont la plupart figurent des paysages. Le sujet n’en est pas manifeste au premier regard. Certaines semblent plutôt, d’emblée, des tableaux abstraits. Ce sont des compositions picturales d’une grande complexité et d’une éblouissante richesse d’invention.

Ces peintures sollicitent plusieurs distances de regard. À distance, on est frappé par les grandes lignes de leur construction. À mesure que l’on s’approche, le regard est captivé par un fourmillement de propositions, parfois minuscules, qui sont un nouveau plaisir pour l’oeil. La technique est apparemment simple: une peinture liquide appliquée en petites touches et jouant de multiples transparences.

La palette est riche et raffinée. Des gris colorés (ces «non-couleurs» qu’évoque De Kooning en les appelant «des couleurs de foie») font scintiller ailleurs les aplats de couleurs vives. Par endroits, dans les détails, cela ressemble aux petits éclats de couleurs qui flottent devant les yeux quand on ferme les paupières, ou à de mini-galaxies de pierres précieuses. L’espace figuré dans ces toiles est complexe et profond, on a l’impression d’éléments flottant sur plusieurs plans entre deux eaux.

Plusieurs tableaux montrent d’ailleurs des étendues liquides avec leurs transparences et leurs reflets (réminiscences d’un «monde flottant»? -même si l’on sait que l’acception première de cette expression japonaise est tout autre). Il y a des tourbillons à la Vinci (dont Yu Matsuoka est une lectrice érudite), des effets de kaléidoscopes (qu’elle affectionne). «Regarder des belles images», dit l’étymologie du mot kaléidoscope. C’est précisément à quoi l’exposition de Yu Matsuoka nous invite.

L’héritage japonais de Yu Matsuoka affleure partout, mais dans une virtuose synthèse. Par exemple dans ce paysage panoramique (qui a la beauté des paravents dorés et végétaux de Sotatsu Tawaraya) où elle utilise, de manière détournée et peut-être inconsciente, le topos du pin tortueux à la symbolique si codée.

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