Sol LeWitt, Miquel Barcelo, Claire Fontaine, Mircea Cantor, Daniel Buren, Cy Twombly, Giulio Paolini, Claude Lévêque
Un nouveau regard. Collection Lambert à Avignon
Présenter une collection permanente à l’heure de la multiplication des événements artistiques et culturels, de la volatilité des publics, c’est proposer au visiteur un contenu qui se renouvelle constamment. La deuxième exposition de ce fonds si riche qu’est la Collection Lambert sera donc envisagée sous un nouveau prisme. Plus que les mouvements qui la constituent, ce seront de grandes thématiques ou des artistes qui seront mis à l’honneur. Ainsi la migration, la tragédie, le mythe, seront évoqués dans le début de l’accrochage, en écho à l’actualité troublée de cette seconde décennie du XXIème siècle, car depuis les années 60 l’œuvre ne fait plus l’économie de l’environnement dans lequel elle est créée.
Miquel Barcelo seul sur sa barque en capitaine Ahab, les néons de Claire Fontaine faisant de nous tous des étrangers ou nous accompagnant dans la nuit depuis le toit du musée, les détournements engagés de Marcel Broodthaers, le Wall Painting Visa aux couleurs d’Indiana d’un Mircea Cantor en partance pour l’Europe de l’Ouest au début des années 2000, ou les Gitans, Musulmans, Orthodoxes de Louis Jammes photographiés dans une Yougoslavie en plein implosion, symbolisent cette Europe des libertés prise en tenaille entre ses idéaux et l’émergence des nouveaux nationalismes, incapable de garantir l’accueil de populations fuyant la terreur au péril de leurs vies.
Les peintures de Cy Twombly nous replongent par la seule écriture sensible de leurs noms – Lycia, Nike, Plato, Achilles, Delian – au cœur des mythes fondateurs de cette Méditarranée empreinte de démocratie et de poésie. Haim Steinbach, Louise Lawler, Francesco Clemente, Anselm Kiefer ou Giulio Paolini, aussi à l’honneur de cette nouvelle présentation, replacent l’histoire, l’artiste, le savoir, dans leur dimension sensible essentielle, comme une ouverture vers un champ de possible infini.
Daniel Buren, Olivier Mosset, ou Niele Toroni, seront présentés dans la grande galerie de l’Hôtel de Caumont. Ces emblèmes de l’avant-garde française des années 60-70 opposent à la pauvreté des signes produits par une société de consommation prédatrice, leurs propres formes, reconnaissables entre mille et répétables elles aussi à l’envie, dans les moindres espaces de notre quotidien. Dans un geste minimal absolu, (les bandes verticales pour Buren, les empreintes de pinceau pour Toroni ou les cercles noirs sur fond blanc pour Mosset) ils replacent l’idée même de l’art et du sensible au cÅ“ur de ce fourmillement de formes que sont les musées, la rue, les grands édifices publics…
L’œuvre de Claude Lévêque, J’ai rêvé d’un autre monde, réinvestira seule son écrin dans les combles du musée pour lesquels elle avait été créé à l’ouverture du musée en 2000. Les deux Wall Paintings majestueux de Sol LeWitt seront le fil conducteur d’une présentation d’une large sélection des œuvres de l’artistes américain: dessins, wall drawings, structures primaires, se déploieront jusque dans la dernière salle du musée consacrée à l’art conceptuel et minimal et complèteront ainsi le dialogue initié entre les œuvres majeures et radicales de Robert Ryman, Robert Mangold, Agnes Martin, Arakawa, Lawrence Weiner, Robert Barry…