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Un Monde parfait

10 Nov - 10 Jan 2007
Vernissage le 09 Nov 2006

L’union, la religion, l’homosexualité, l’amour, la beauté mais aussi, en filigrane, la mort, la fragilité, la violence: les deux photographes, créateurs d’éternelles icônes, remettent en scène leurs thèmes fétiches dans leurs récentes productions.

Un Monde parfait de Pierre et Gilles

Dans la préface de son Dictionnaire des idées reçues, Gustave Flaubert nous annonce une nomenclature des objets mentaux qui encombrent son époque ; tous sont livrés en vrac, les propositions sont indécidables et seuls l’humour et la cruauté du regard de l’auteur peuvent nous faire imaginer qu’il n’est pas dupe de tout ce bric-à-brac sans structure apparente. Bien avant Marcel Duchamp, pour qui c’est le regardeur qui fait le tableau, c’est ici le lecteur qui fait le livre. Un inventaire tout aussi «indécidable» et décousu de notre époque est rassemblé dans la série d’œuvres créées par Pierre et Gilles ces deux dernières années. Les amateurs y retrouveront les thèmes récurrents et obsessionnels qu’ils connaissent bien, mais c’est surtout la manière de voir les images et de les mettre à nouveau en scène qui, une fois de plus, caractérise cette série.

Pas de thème programmatique continu mais un style. Toutes les sources pourraient être convoquées, la basse comme la haute culture, l’absence de culture pouvant aussi faire l’affaire. Souvent ces œuvres sont des «images d’images», des émotions autour du souvenir d’une image, mentale, peinte ou imprimée, peu importe… Seules son invocation et sa réapparition dans le «rituel Pierre et Gilles» en constituent le propos. Pas de sous-entendus, pas de message, ce principe pouvant s’appliquer à n’importe quelle image.

Ce rituel se forme au hasard des rencontres. Il commence par un rêve scénarisé autour d’un visage ou d’une idée reçue. Arrivent des esquisses, un vague dessin, puis le songe se matérialise avec la construction des décors et la recherche de personnages. En cours de route un événement survient qui dirige le projet dans une autre direction ; ce fruit du hasard vient nourrir l’œuvre. Un jour enfin une installation précaire est construite dans la cave/studio, les acteurs viennent y interpréter la pièce ou l’improvisent, jouant leur propre rôle ou celui d’un fantasme collectif. Pas d’autre spectateur que l’appareil photographique. Les photographies sont largement reprises au moment du tirage et le projet se refonde à nouveau, l’image sortie de sa gangue argentique numérisée se précise, la peinture peut alors commencer et apporter de nouvelles surprises. De multiples versions viennent se fondre sur l’image qui n’émerge que lentement du néant de la matière inerte.

Une fois l’image réalisée vient le moment de son encadrement. Après le scénario, la mise en scène, la photographie et la peinture, c’est le volume et l’architecture du cadre qui vont finaliser l’œuvre. Le cadre fait partie de l’œuvre. C’est un art fusionnel qui intègre de nombreuses pratiques complémentaires. Chez Pierre et Gilles tout est ritualisé et pourrait paraître immuable. Mais au final, ce qui doit prévaloir c’est le caractère d’image peinte, qui ne peut déboucher que sur de l’ «indécidable».

Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Pierre-Evariste Douaire sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.

critique

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