ART | EXPO

Un itinéraire. Peintures et gouaches, 1963-2011

22 Nov - 22 Déc 2012
Vernissage le 22 Nov 2012

Peintre, graveur, sculpteur, artiste du livre et promoteur de la jeune création irakienne, Dia Al-Azzawi témoigne de sa modernité positive et de sa volonté que l'art contribue au bonheur de tous et à l'émergence d'une nouvelle civilisation arabe qui soit en harmonie avec elle-même, et avec les autres civilisations.

Dia Al-Azzawi
Un itinéraire. Peintures et gouaches, 1963-2011

«Un Itinéraire» est le titre d’une série d’expositions consacrée à l’artiste irakien de Londres Dia Al-Azzawi, pour mettre en lumière la richesse de sa créativité depuis ses débuts en 1963 jusqu’en 2012, soit une période de 50 ans. Les peintures et les gouaches présentées appartiennent à la collection personnelle de l’artiste, et sont exposées pour la première fois en galerie.

Né en 1939 en Irak, Dia Al-Azzawi obtient ses diplômes supérieurs en archéologie et en art à l’Université puis à l’Institut des Beaux-Arts de Bagdad. Il s’établit à Londres en 1976, en tant que peintre, graveur, sculpteur, artiste du livre et promoteur de la jeune création irakienne. Nombreuses expositions personnelles dans les galeries, les foires internationales, les musées et centres d’art lui sont dédiées.

Dans ses Å“uvres, Dia Al-Azzawi témoigne de sa modernité positive et de sa volonté que l’art contribue au bonheur de tous et à l’émergence d’une nouvelle civilisation arabe qui soit en harmonie avec elle-même, et avec les autres civilisations. «Mon Å“uvre s’inscrit dans le mouvement de renaissance de l’art arabe, mais elle est universelle dans sa dimension, et intimement liée à l’histoire ainsi qu’aux valeurs de la culture contemporaine».

Corneille. Rencontres avec les œuvres d’Azzawi. Paris, juin 1981.
«Je vois dans les toiles des lettres, des graphismes, de la calligraphie, une écriture que je sais arabe, mais que je ne peux pas déchiffrer. Je la sens, cette calligraphie, faisant partie du rythme de la toile, la ponctuant, la soutenant, la terminant parfois avec rage. Si la signification de ces signes m’échappe, je ne pense pas qu’a priori la lecture soit nécessaire. Je peux lire autrement, ma sensibilité d’occidental peut l’apprécier différemment. Cette calligraphie, je peux en admirer la force, reconnaître la justesse des traits, en suivre avec étonnement les multiples lignes enchevêtrées, voir l’harmonie ou voir les discordances voulues, apportant la grâce ou le poids nécessaire à la composition de la toile. Ainsi, lorsque je vis à Grenade la magistrale calligraphie arabe qui recouvre les murs du Palais de l’Alhambra, me parut-elle une suite de dessins abstraits d’une incroyable beauté.

Les toiles du peintre Dia Al-Azzawi sont une oasis luxuriante. Une luminosité presque fluorescente se dégage de certaines œuvres. L’ensemble est fortement oriental, très évocateur, rien à voir avec l’orientalisme. Des nuits profondes, parfumées, surgissent les silhouettes des palais et des mosquées. Cependant, comme un brusque rappel d’une douloureuse réalité d’aujourd’hui, des oiseaux paraissent, déchiquetés, déchirés, tombant ailes déployées à la verticale.

Le langage plastique que s’est forgé le peintre atteint aujourd’hui une réelle densité plastique. Une qualité dans le rassemblement des formes qu’il nous donne à voir et une nouvelle et intense magnificence de la couleur. Petit à petit disparaît l’écriture ou la lettre. Sans cesse, il trouve des combinaisons nouvelles et heureuses pour l’agencement des formes, nous faisant part ainsi de son émotion. De ce chatoiement de couleurs se dégage comme un chant vibrant, comme la voix rauque, ardente du bédouin dans le désert. Car regarder sa peinture c’est entendre — sa couleur est sonore, ses formes musique — sa peinture est voix. Voix humaine, belle. Voix authentique qui raconte la pure et dure existence des bédouins, des nomades, des paysans en Irak, leur piété, leurs superstitions, leurs aspirations profondes. La peinture de Dia Al-Azzawi évoque aussi le tapis d’Orient. Chefs-d’œuvre de patience chargés de symboles et de significations. Langage secret et raffiné empli d’une poésie profonde, racontant depuis des siècles l’histoire et les émotions d’obscures tribus. Aussi, pour celui ou celle qui regarde les toiles du peintre, la rutilance et la beauté de ses couleurs n’invitent pas seulement à la délectation des yeux. Derrière cette architecture de formes et de couleurs aux résonances rythmiques et musicales, se cache l’homme qui parle de son pays — qui le chante plutôt. Nos yeux doivent écouter.»

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