Valérie Jouve
Un état
Lorsque Valérie Jouve photographie des personnages, si l’image est le prétexte à la rencontre c’est finalement la rencontre qui devient prétexte à l’image. Alors que la photographie n’est qu’une surface, elle devient le moyen de relayer une certaine forme d’empathie.
Valérie Jouve aborde le medium photographique non pas comme un moyen de montrer, mais davantage de faire sentir et de motiver le rapport intuitif du spectateur. Si chaque photographie garde une autonomie propre, c’est dans l’espace que l’Å“uvre se déploie. A la façon d’une composition musicale, Valérie Jouve envisage l’accrochage de manière à produire du mouvement qui naît de la cohabitation des images entre elles. C’est donc tout naturellement que Valérie Jouve s’est tourné vers l’image mouvement réalisant dès 2003 à Marseille son premier film Grand littoral.
Lors d’un voyage en 2008, Valérie Jouve découvre Israël et les territoires autonomes palestiniens. Fascinée, elle entame un long travail relevant, à travers la photographie et le film, tout ce qui forme son identité, captant ses personnages et saisissant la représentation quotidienne de ses villes les faisant intervenir comme figures emblématiques.
Cette exposition est l’occasion de présenter son nouveau film Traversée. Ce film entamé en 2010 constitue le portrait de sept villes palestiniennes: «La traversée du territoire est dictée par un trio décalé et improbable, d’une enfant, d’un marionnettiste et sa marionnette, son double mal identifié (comme élément vecteur de liens). Leur relation est tendre, mais tapageuse. Ces deux personnages ne sont pas les protagonistes du film, mais bien plus les passeurs de ce territoire, remettant en jeu la relation humaine, extraite de la simple lecture du conflit, pour redonner la réalité de la vie là -bas, avec ses heurts mais aussi ses moments de tendresse, de rire, une terre dans sa réalité débarrassée de son drame, une sorte de petite utopie, même si le drame peut réapparaître — seulement à un moment précis du film — pour ne pas être nié.» (Valérie Jouve).
Parallèlement, Valérie Jouve présente un ensemble d’images fixes où elle associe deux approches: les villes et les paysages dont l’appréhension du cadrage global est souvent empêché (qu’il s’agisse d’un mur, d’un monument imposant ou d’une végétation au premier plan) d’une part, et les passants en mouvement d’autre part.
Le regard contemplatif qu’inspirent les paysages de grands formats est sans cesse contrarié par les images des passants qui plongent le visiteur dans l’intimité mais aussi l’effervescence de la ville. A hauteur de regard, les lignes tracent des ponts, les corps se font échos pour former une atmosphère particulière où les images accompagnent littéralement le flux des visiteurs, créant par là même les interactions nécessaires à la rencontre. Les photographies de Valérie Jouve débordent d’elles-mêmes, au-delà de ce qu’elles représentent elles interrogent sur les affinités du corps par rapport au lieu et sur la manière dont les corps construisent ces lieux.
Un livre monographique autour de l’Å“uvre de Valérie Jouve, intitulé Résonance, édité par Ute Eskildsen, est paru aux éditions Steidl en 2012 (ISBN : 978-3-86521-625-0)
Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Marie-Jeanne Caprasse sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.
critique
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