ART | EXPO

Un conte persan

16 Mar - 20 Avr 2013
Vernissage le 16 Mar 2013

Davood Koochaki dessine des personnages énigmatiques dont il affine au fil du temps la technique, proche de la hachure croisée, tout en augmentant les formats. Libérant ses fantômes, il crée des êtres démoniaques, difformes, chimériques, tous paraissant voilés, tandis que seul un regard, un rictus et, plus souvent, un sexe les rendent tangibles.

Davood Koochaki
Un conte persan

Davood Koochaki, est né en 1939 à Rasht, au nord-ouest de l’Iran, non loin de la mer Caspienne que des légendes millénaires tenaces disent peuplée d’êtres hybrides. Dès l’âge de sept ans, il doit récolter le riz plutôt que d’aller à l’école puis, adolescent, part tenter sa chance à Téhéran, où il mènera en quelque sorte une double vie.

Mécanicien automobile le jour — il finira par ouvrir son propre garage —, la nuit il s’adonne à une existence dissolue, boit à outrance et, bien qu’étant illettré, fréquente des intellectuels et ne se cache pas, aussi bien avant qu’après la révolution islamique, de ses sympathies gauchistes.

Celui qui se mariera et deviendra père de quatre enfants est décrit par ses proches comme une personnalité complexe, d’une franchise et d’une obstination désarmantes. Ce n’est qu’à l’âge de quarante ans qu’il se met subitement à dessiner ses personnages énigmatiques dont il affine au fil du temps la technique, proche de la hachure croisée, tout en en augmentant les formats. C’est comme si, soudain, il se libérait des fantômes de son passé. Démoniaques, difformes, chimériques, tous paraissent voilés, tandis que seul un regard, un rictus et, plus souvent un sexe les rendent tangibles, incarnés, dévoilés.

«J’essaie pourtant de dessiner à la perfection, mais voici ce qui en sort» admet-il, perplexe. Ses œuvres qui, jusqu’à très récemment, ne lui ont attiré que les railleries, ne manquent pas d’évoquer «ces floraisons de haut enfièvrement, totalement et intensément vécues par leurs auteurs», ainsi qu’aurait pu les décrire Dubuffet. Au point qu’il faille, comme dans un conte persan, en voiler un peu le sens pour ne pas mettre l’âme à nu.

Un catalogue bilingue de 100 pages est publié avec un texte de Jacques Bral, scénariste, réalisateur et producteur né à Téhéran.

critique

Un conte persan

AUTRES EVENEMENTS ART