Tom Sachs
Un choix de dessins marquants des années 2003-2010
«Le bricolage procède d’une civilisation qui répare au lieu de remplacer — la civilisation américaine ne fait que remplacer.» Tom Sachs
Pour sa cinquième exposition personnelle à la galerie Thaddaeus Ropac de Paris, Tom Sachs a choisi un ensemble de dessins emblématique de la décennie écoulée, regroupant les thèmes centraux de sa réflexion sur la société et la culture américaines.
Les œuvres sur papier ont toujours occupé une place importante dans son travail et c’est la première fois qu’une exposition leur est exclusivement consacrée.
Certains dessins de Tom Sachs, comme la série des «McDonald’s» ou «Waffle Bike/Vélo à gaufres» (2007), sont des esquisses pour des idées de sculptures, une façon de mettre au clair un projet.
D’autres prennent la forme d’un schéma, d’un plan ou même d’une liste qui tient plus de l’écriture que du dessin. Les plans de la chambre 134 au Claridge (2008) et du restaurant Indochine (2008) fournissent un relevé minutieusement détaillé de tous les recoins, meubles, objets et éléments de signalétique, ainsi que la liste des clients présents ce jour-là .
De même que les sculptures en polystyrène de Tom Sachs sont le fruit d’un bricolage, et gardent la trace des interventions manuelles de l’artiste, les dessins laissent apparaître les retouches et corrections. Le cheminement créatif de Tom Sachs se déroule ici sous nos yeux.
Ce que l’on aurait pu prendre pour une accumulation d’idées en vrac se révèle obéir en fait à sa logique personnelle très instinctive. Des idées différentes peuvent se traduire sur un mode identique. Les dessins font penser à la menuiserie par leur côté méticuleux. «L’univers de Tom Sachs, écrit Gunnar Kvaran, est une vaste et inflexible énumération des objets et des phénomènes qui caractérisent notre mode de vie standardisé.»
Les dessins de la série «McDonald’s» présentés à l’exposition illustrent les avantages de la libre entreprise mais, en même temps, ils soulignent la violence et l’injustice qui sous-tendent souvent les modèles économiques de rentabilité les plus efficaces: le revers de la société américaine. Cherchez l’erreur, semble nous dire l’artiste dans des dessins comme Equipment (2009). Alors, faut-il envisager les œuvres de Tom Sachs sous l’angle de la dénonciation ou de la célébration? Les deux à la fois, sans doute.
L’un des dessins les plus récents, Not to Scale/Pas à l’échelle (2010), aux dimensions d’une planche de surf, confronte notre système solaire, le tableau périodique des éléments, le spectre électromagnétique et les ordres de grandeur avec une chronologie de l’évolution, des grandes inventions et des événements majeurs, qui traverse toute la longueur du papier.
Dans un registre esthétique légèrement différent, Tom Sachs a choisi un ensemble de «dessins chic», comme il les appelle. Ce sont des œuvres au crayon, à l’encre et à l’aquarelle sur vélin, qui représentent chacune un objet en particulier, tel qu’une cassette audio, un préservatif, un paquet de cigarettes ou un ticket de parking new-yorkais, et dont la facture raffinée confère une apparence précieuse aux choses les plus banales.
critique
Un choix de dessins marquants des années 2003-2010