Laurette Atrux-Tallau, Benoist Bouvot, Marcel Dinahet, Julia Garbuzova, Graham Gussin, Nicolas Kozerawski, Rolf Julius, Emmanuel Lagarrigue, Jean-Claude Ruggirello, Christophe Sarlin, Milan Tutunovic
Un bruit qui court…
Les bruits qui courent ont-ils des jambes ? Et le mur du son, de quoi est-il fait ? Qu’est-ce qu’un son ? Comment rendre compte du phénomène sonore ? Les réponses des techniques modernes d’enregistrement sonore, dans leur évidence technicienne, ne sont qu’un leurre. Le son est volume, intensité, fréquence, bien sûr, mais également bien autre chose. Pour démonter nos préjugés perceptifs, il faut décaler le point de rencontre entre notre corps et le phénomène sonore. C’est ce décalage que les œuvres réunies au Frac tentent d’explorer et d’exploiter. L’hybridation des pratiques plastiques et sonores est un élément important de la création contemporaine. Elle ouvre un large champ d’expérimentations et sollicite les médiums les plus variés. La musicalité d’objets insolites, les possibilités sonores du corps, la prise de conscience de notre environnement sonore ou encore les possibilités inexploitées du son sont ainsi passées en revue.
Les conditions de production, de diffusion, de réception du phénomène sonore sont interrogées par les artistes. Le son est matière. Oui, mais laquelle ? Quelle explosion intime et inouïe en est la cause ? Choc ou onde ? Hasard ou préméditation ? Le son affecte notre matérialité bien au-delà de l’ouïe. Le son peut se montrer. Il peut être image et se prête au jeu de sa figurabilité. Mais on le débusque parfois simplement dans sa non-coïncidence avec la figure. L’œil bien sûr est sollicité, mais pas seulement, c’est tout le corps dans sa structure autant que dans sa surface qui est affecté par la vibration sonore. «Un bruit qui court…» propose donc une rencontre entre le corps et le son en interrogeant sa perception par tous nos sens. Sans oublier que le corps est aussi producteur de bruits: lui aussi s’exprime en sons, rythmes de vie, murmures de l’être ou explosions de colère. Enfin, les bruits, comme les odeurs, sont des marqueurs du quotidien, des points de repères sociaux, temporels et géographiques, une signalétique intime des lieux et des moments. Et notre sensibilité aux usages sociaux du son est quasi-infinie. Nous savons bien que telle vaisselle cassée peut révéler une rupture infiniment plus grave que la simple dislocation de sa matière…