Giovanni Anselmo, Alighiero Boetti, Alberto Burri, Pier Paolo Calzolari, Mario Ceroli, Luciano Fabro, Lucio Fontana, Jannis Kounellis, Piero Manzoni, Mario Merz
Un art pauvre
Le Centre Pompidou propose avec l’exposition «Un art pauvre», une exploration de toutes les pratiques artistiques qui se sont rattachées à la notion de pauvreté depuis les années 60.
L’événement se veut pluridisciplinaire et s’ouvre donc à d’autres champs que celui des arts plastiques en abordant également la musique, le design, l’architecture, le théâtre, la performance et le cinéma expérimental. Il mobilise en conséquence toutes les subdivisions du Centre Pompidou: le Musée national d’art moderne, l’Ircam (Institut de recherche et coordination acoustique/musique), le service cinéma, celui des spectacles vivants…
L’exposition s’attache aux années 1960-1970 en prenant sa source dans l’émergence du courant italien de l’Arte Povera. Défiant l’industrie culturelle et plus globalement la société de consommation, ce mouvement revendiquait des gestes archaïques et l’utilisation de matériaux pauvres soit naturels, soit de récupération tels que le sable, la terre, le bois, le goudron, les chiffons, de la corde, de la toile de jute, des vêtements usés, etc. Les artistes se revendiquant de l’Arte Povera ne cherchaient pas à produire des Å“uvres de valeur à partir d’objets insignifiants, mais plutôt à valoriser le processus créatif, le geste, au dépens de l’objet fini.
Le parcours, qui investit tout le Centre Pompidou, présente de nombreuses œuvres qui s’inscrivent dans une recherche autour d’un art pauvre sans nécessairement se rattacher à l’Arte Povera.
La sculpture murale Crocodilus Fibonacci (1972) de Mario Merz occupe le hall central: un crocodile naturalisé est suivi d’une guirlande de chiffres en néon. L’animal associé à la suite arithmétique est une composition emblématique de l’artiste, qui représente ainsi le processus entre évolution naturelle et développement artificiel.
La suite de l’exposition se concentre sur la décennie 1964-1974: une quarantaine d’œuvres des principaux représentants de l’Arte Povera et d’autres artistes moins célèbres offrent un panorama du mouvement dans toute sa diversité.
La sculpture Sans titre de Giovanni Anselmo, constituée d’une laitue encastrée entre deux blocs de granit serrés par un fil de cuivre, symbolise le mouvement des énergies qui est à l’œuvre dans l’ensemble de la création. L’association du granit et de la laitue déploie tout le spectre du rythme vital: celui très lent du minéral et celui extrêmement bref du végétal.
L’œuvre Le penne di Esopo (Les plumes d’Esope) de Pino Pascali évoque la nature de façon tactile et ludique: des plumes de dindes sont piquées dans une planche en bois ronde recouverte de laine d’acier tressée.
La sculpture en terre cuite Soffio 6 (Souffle 6) de Giuseppe Penone a l’aspect d’une forme ventrue à taille humaine dont la partie supérieure est le moule en creux de l’intérieur d’une bouche.
Quelques-uns des thèmes principaux de l’Arte Povera tels que l’écriture, le langage, l’énergie vitale et l’animalité s’expriment à travers les œuvres tandis que des éléments historiques (photographies, documents imprimés) replacent œuvres et artistes dans leur contexte.
L’architecture et le design sont également abordés grâce à des installations, films, photographies et maquettes. Des objets conçus autour du mouvement Global Tools répondent particulièrement à la notion de pauvreté. Par des ateliers, performances et expérimentations urbaines, cette «contre-école» de design fondée en 1973 revendiquait le retour à un savoir-faire manuel.
Du côté du cinéma, deux séances autour de l’Arte Povera puisant dans des films d’artistes et des archives d’expositions montrent les liens qui unissaient ce courant artistique a entretenu et l’art cinématographique. Le festival de l’Ircam ManiFeste, se consacre lui aussi à la question du «pauvre» et introduit les arts visuels dans son habituelle réflexion autour de la musique, de la danse et des innovations technologiques.
Vernissage
Mercredi 8 juin 2016.