L’exposition « Un ange en filigrane » à la galerie Marcelle Alix, à Paris, présente deux récentes installations de Laura Lamiel qui s’inscrivent dans ce que l’artiste nomme des « cellules » ou « chambres de capture ».
Le processus créatif restitue l’« ange en filigrane » que porte Laura Lamiel
L’exposition doit son titre à la nouvelle Je porte un ange en filigrane ! publiée en 1936 dans le recueil intitulé Printemps noir par Henry Miller. Dans ce court texte assez mystérieux, l’écrivain et peintre américain offre une description très personnelle du processus créatif. La genèse d’un chef d’œuvre y est relatée comme un enchaînement de péripéties où la figure d’un cheval peint laisse toujours apparaître celle d’un ange que l’artiste « porte en filigrane ». La production artistique de Laura Lamiel est portée par la même idée que chaque création contient des années d’efforts, de recherche, et condense les idées fortes de l’artiste.
Réunissant seulement deux installations, l’exposition laisse une large place à un sentiment de vide ou d’absence. La première, intitulée Capture, est composée de trois grandes plaques de cuivre disposées verticalement de façon à constituer ce que Laura Lamiel désigne comme une « cellule » ou une « chambre de capture ». Tel un compartiment à taille humaine dans les parois duquel notre image se reflète, l’installation est bien un instrument de capture. Dans la couleur chaleureuse, semblable à la chair, du cuivre, s’inscrit notre propre corps, qu’elle semble absorber.
Deux installations entre absence et présence
L’installation de Laura Lamiel repose sur un jeu d’absence et de présence. A la capture de notre image par le cuivre s’oppose la présence de barres du même métal disposées au sol qui empêchent de pénétrer entre les deux parois, ainsi que celle d’une paire de formes en métal utilisées en cordonnerie qui laissent imaginer qu’une entité les aurait laissées au seuil de l’installation avant d’y disparaître…
Une deuxième installation, intitulée Le caisson est composée d’une photographie en noir et blanc de l’atelier de Laura Lamiel accrochée au mur. Le cliché est déformé par une accumulation de miroir, film transparent et vitre qui empêchent de le visualiser de façon certaine. Comme dans la première installation, il est question ici de capture, de présence fantomatique, d’un lieu et d’un processus de création qui se livrent peu, gardant pour eux leurs énigmes et qui procèdent par une longue absorption de tout ce qui les approche, pour mieux restituer l’essentiel.