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Ulysse

Ulysse de Jean-Claude Galotta est une pièce habituée, je dirais même « habitée » par les reprises. Créée en 1981, elle a été reprise en 1993 par la compagnie — Ulysse, recréation —, deux ans plus tard, elle est dansée par le Ballet de l’Opéra National de Paris — Les Variations d’Ulysse — puis revisitée en 1999 par des danseurs japonais — Ulysse-Shizuoka — et en 2008 donc — Cher Ulysse — au Théâtre de Chaillot. Le travail de Josette Baïz demeure pourtant singulier puisqu’il s’agit de faire interpréter l’une des pièces les plus rapides et les plus envolées du répertoire du chorégraphe par des enfants de 8 à 12 ans.

Le travail effectué par Josette Baïz auprès des jeunes danseurs commence à la fin des années 1980 lorsqu’elle s’inscrit dans une démarche de création dans les quartiers nord de Marseille. Le groupe Grenade est crée en 1992 et se compose aujourd’hui de quatre-vingt danseurs âgés de 7 à 18 ans.  Ce sont quinze des plus jeunes danseurs du groupe qui présentent Ulysse dans le Grand Studio du CND devant un public constitué de parents mais aussi de professionnels du spectacle et de quelques curieux un peu déconcertés. Nous sommes en effet en droit de nous demander si les enfants qui s’exposent sur scène sont à leur place — tremblements et des yeux plein de larmes ? A la moitié de la pièce, la réponse se présente : il ne reste que l’extrême sérieux et le plaisir visible qui se dégage de leur interprétation.

Que se passe-t-il face à cette relecture vingt ans plus tard ? Après une impression de spectacle de fin d’année très certainement liée à la présence des enfants sur scène, il est facile de se laisser emporter par l’énergie de la pièce. Les qualités techniques des enfants sont étonnantes. Si certains jeunes danseurs retiennent particulièrement l’attention, aucun ne se place en mode mineur. La rapidité d’exécution associée à la force dégagée par l’énergie des danseurs ajoute une épaisseur, une densité notable à une chorégraphie qui multiplie les tours et les arabesques. Les paroles et les cris des interprètes l’emportent sur une musique convenue et vite agaçante. Les gestes qui fouettent l’air, la rapidité percutante des déplacements, les curieux équipages qui se forment à tout point de l’espace scénique, tout concorde afin d’amener le spectateur à entrer dans le tourbillon, par le regard et mais aussi par quelques mouvement de tout le corps…

La manière dont Josette Baïz met en scène l’énergie enfantine témoigne de sa connaissance des plus jeunes. Ils trouvent sans doute un appui important dans la blancheur des décors et des costumes comme dans la légèreté et la rapidité incessante de l’écriture, la musique elle-même, quelque soit ses qualités réelles, participe à cet élan, cette « folie joyeuse » qui porte la danse.

Ils ont tout des grands, une incroyable vitalité en plus. Il est même difficile d’imaginer que des adultes aient joué [à] cela un jour !

 

— Chorégraphie originale : J.C. Galotta
— Adaptation chorégraphique :
Groupe Grenade, Josette Baïz
— Musique :
Henri Torgue et Serge Houppin
— Costumes :
Muriel Ferrari
— Régie Générale et son :
Andréa Béja
— Adaptation et régie lumière :
Erwann Collet
— Répétitrices :
Elodie Ducasse et Catherine Savy
— Interprètes :
Anaële Mazzieri-Sarkissian, Anna Suraniti, Auguste Nganta, Laure Fourgeaud, Faye Spence, Camille Cortez, Lisa Bournelle-Carpena, Lila Betmalle, Samantha Manouelian, Théo Fournier Chapellière, Matys Riday, Camice Benharbit, Sam Riday, Celia Vigo, Jeanne Pégourié

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