De ses études en arts graphiques, avant de bifurquer vers les Beaux-Arts, l’artiste français Udo Zembok (né en 1951 à Braunschweig) a conservé une attention minutieuse à la matière. Son travail opère une synthèse entre le verre comme matériau et la couleur comme phénomène lumineux. Pour des Å“uvres arpentant la lisière entre peinture et architecture. Avec « Open Space », le MusVerre présente ainsi ses créations personnelles les plus récentes. Une exposition où retrouver une quinzaine de pièces, entre peinture, sculpture et architecture. Si le travail d’Udo Zembok s’articule autour du vitrail, c’est pour mieux creuser couleurs et lumières. Dans ses Å“uvres vibrent l’écho des Colourfield Painting de Mark Rothko. Mais s’en dégage aussi, parfois, la force des sculptures de Richard Serra. Pour autant de pièces non figuratives, tout en matière et lumière.
Exposition « Open Space » d’Udo Zembok : un minimalisme de verre et de couleur
Le centre de gravité de l’exposition, CÅ“ur II, prend les traits d’une large installation de verre et de couleur. Soient deux grandes parois arquées, en verre dépoli, colorées en transparences de rouge, ocre, orange. Des teintes qui rappellent l’acier Corten des sculptures de Richard Serra. Plasticien verrier, Udo Zembok travaille le verre en utilisant des méthodes venues de l’industrie. Ce qui lui permet de déployer de grandes plaques de verre, teintées par pigments puis fusionnées et thermoformées. Des méthodes qui aboutissent ainsi à la conception de vitraux et verrières monolithiques, de grandes dimensions, ne requérant pas d’armature en plomb. De quoi laisser la pleine place à la lumière, aux transparences. « Au cours de mes études, j’ai découvert la couleur transparente, celle de l’aquarelle qui donne l’illusion de la lumière. » Udo Zembok aborde ainsi le verre par le prisme d’un procédé issu de la peinture : le glacis par couches successives.
La profondeur de la couleur : une quinzaine de pièces, entre sculpture et architecture
L’exposition « Open Space » réunit une quinzaine de pièces d’Udo Zembok. À savoir l’installation Cœur II, onze œuvres de la série Spacecolours et trois pièces de la série Spacescreens. Formes géométriques (carrés, rectangles incurvés…), les œuvres d’Udo Zembok cultivent un minimalisme lumineux. Sans narration, ses pièces rayonnent. Si les premières œuvres d’Udo Zembok tournaient autour de la projection lumineuse colorée, il s’oriente dorénavant vers la valorisation de la troisième dimension de la couleur : sa profondeur. Une gageure quand on sait que les philosophes René Descartes et John Locke qualifiaient la couleur (à l’instar des odeurs, des saveurs…) de qualité seconde. Soit une qualité dépourvue d’étendue (longueur, largeur, profondeur) et donc, contrairement aux qualités premières, de réalité. Moléculaire, corpusculaire, ondulatoire.… Peu importe : les pièces d’Udo Zembok rayonnent d’une couleur intérieure patiemment élaborée. Pour une expérience esthétique singulière, prenant le verre et la lumière comme matériaux.