Derrière un rideau qui confère une certaine intimité à l’exposition, la vidéo Something To Believe In, Something To Smile About est projetée sur un des murs de la galerie. Dans un paysage composé de dalles en mousse sont disposés de petits arbres en papier. Les dalles sont assemblées à la manière d’un puzzle et forment un damier multicolore.
Avec ces dalles et petits arbres, qui sont des jouets aux couleurs vives, François-Xavier Courrèges ressuscite de manière ironique la magie de l’enfance: animés d’une vie de carton-pâte, ces arbres en papier se revêtent progressivement, au moyen d’un processus chimique, d’un feuillage synthétique de couleur vive. Puis la matière se dégrade et les arbres se dénudent. Véritable cycle de vie et de mort, cet environnement nostalgique évoque la fragilité et la dégradation.
Something To Believe In, Something To Smile About semble faire écho à ce que Maurice de Guérin écrivait dans Le Centaure: «La jeunesse est semblable aux forêts verdoyantes tourmentées par les vents, elle agite de tous côtés les riches présents de la vie, et toujours quelque profond murmure règne dans son feuillage».
Les dernières images prises en plongée, comme depuis le ciel, révèlent que la forme du décor reproduit celle de la figure primitive d’un smiley, cette icône en forme de visage heureux issue de la communication numérique, surnommée «émoticône».
Dans Something To Believe In, Something To Smile About, la figure du smiley représente l’ordonnancement supérieur de l’installation, et traduit la quête d’intensité d’une génération pleine de contradictions, souriant au monde avec désillusion, ironie et espérance.
Cette vidéo reprend les obsessions existentielles de François-Xavier Courrèges qui animent son geste artistique: la jeunesse, la mort, l’amour, la dégradation, l’espoir…
Dans la deuxième vidéo, U R Small But In A Big Way qui donne son titre à l’exposition, est filmée une petite installation: une sorte d’autel que François-Xavier Courrège a réalisé en souvenir de son grand père — semble relever de la nature morte.
Une petite bougie en forme de fraise surmontée d’un smiley se consume petit à petit. La bougie et la fraise font écho à certaines Å“uvres passées dans lesquelles François Xavier Courrèges exprimait déjà sa fascination pour la disparition des êtres et des choses. «Vanité des vanités, dit l’Ecclésiaste, vanité des vanités, tout est vanité».
Pour François-Xavier Courrèges, tout de l’enfance est inéluctablement voué à la dégradation et la disparition, et l’art ne sert qu’à nous faire bien mourir… «Le genre humain, qui devrait avoir six mille ans de sagesse, retombe en enfance à chaque nouvelle génération», déplore dit Tristan Bernard.
Liste des Å“uvres
François-Xavier Courrèges
— François-Xavier Courrèges, Something To Believe In, Something To Smile About, 2010. Vidéo HD sur écran posé au sol . 9’15’’.
— François-Xavier Courrèges, U R Small But In a Big Way^, 2010. Vidéo HD. 30’.
— François-Xavier Courrèges, 2 Die By U R Side #1, 2010. Tirage jet d’encre sur papier mat 180 grs. 160 x 120 cm
— François-Xavier Courrèges, Yummy Monster, 2010. Marqueur, stylo et stickers sur papier
— François-Xavier Courrèges, Yo!, 2010. Marqueur, stylo et stickers sur papier
— François-Xavier Courrèges, Acid Poney, 2010. Marqueur, stylo et stickers sur papier
— François-Xavier Courrèges, Fil Better RMX, 2010. Marqueur, stylo et stickers sur papier
— François-Xavier Courrèges, Schizo Fresh, 2010. Marqueur, stylo et stickers sur papier
— François-Xavier Courrèges, Smiling Mauve Shadow, 2010. Marqueur, stylo et stickers sur papier
— François-Xavier Courrèges, Sweet n’Fruit Pot, 2010. Marqueur, stylo et stickers sur papier
— François-Xavier Courrèges, Crying Banana, 2010. Marqueur, stylo et stickers sur papier
— François-Xavier Courrèges, Bubble Love, 2010. Marqueur, stylo et stickers sur papier
Publication
— Cédric Lagandré, Charlotte Laubard, François-Xavier Courrèges, Archibooks, Paris, 2007